Julie Berès et Alice Zeniter : déconstruire les récits pour inventer d’autres histoires

"La Tendresse" au théâtre des Bouffes du Bord (Paris)
"La Tendresse" au théâtre des Bouffes du Bord (Paris) - Axelle de Russé
"La Tendresse" au théâtre des Bouffes du Bord (Paris) - Axelle de Russé
"La Tendresse" au théâtre des Bouffes du Bord (Paris) - Axelle de Russé
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Face aux insuffisances des récits dont on hérite, elles construisent, par le théâtre, de nouveaux récits. Nous recevons aujourd'hui la metteuse en scène Julie Berès pour "La Tendresse" et l'écrivaine Alice Zeniter pour son seul en scène "Je suis une fille sans histoire".

Avec

Après avoir donné la parole aux femmes dans “Désobéir” en 2019, la metteuse en scène Julie Berès donne cette fois la parole à un collectif de jeunes hommes avec sa pièce " La Tendresse", au théâtre des Bouffes du Nord. Leurs discours tranchent avec les récits classiques sur la masculinité. L'écriture de cette pièce est le fruit d'un long processus d'investigation et de recherche, de rencontres avec des jeunes de tous horizons. Le scénario est même enrichi par les acteurs eux-mêmes. Sur scène, c'est avec fracas que le modèle de la masculinité est remis en question : par la véhémence de la parole, mais aussi par la danse, les modèles sont déconstruits. Et au fur et à mesure la parole se délie, chaque jeune évoque tour à tour son expérience intime. Le rapport à la paternité, au corps, à la séduction, aux filles et aux garçons sont abordés. Dans ce tourbillon, les acteurs laissent jaillir leur énergie vitale pour inventer, peu à peu, d'autres discours, loin des injonctions sociales. "La tendresse est un programme, c’est peut-être ça dont les hommes ont le plus besoin et envie, surtout pour cette génération. Les hommes ne veulent plus être comme leur père, leur grand-père. Ils souffrent de cette injonction à la force, à la virilité, même si paradoxalement, ils y participent énormément. Le langage de la joute, de la battle, est toujours très prégnant, mais il y a une envie de déposer les armes. Aujourd'hui, on ne peut pas encore déposer les armes sans risquer d’être disqualifié par les autres hommes" confie Julie Béres.

C'est aussi avec l'intention de questionner les récits dominants que la romancière Alice Zeniter crée son seul-en-scène " Je suis une fille sans histoire" au théâtre du Rond-Point. Elle cherche non seulement à déconstruire le pouvoir du récit, mais aussi à fournir les armes nécessaires pour comprendre les implications des mises en récit, passées et présentes, culturelles et politiques. Alice Zeniter montre que « certains récits sont délétères, reproduisent des échelles de valeur », qui dictent « quelle est une bonne histoire et une mauvaise histoire ».

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En passant par Aristote, Umberto Eco, Bechdel, la Schtroumpfette, Anna Karénine, mais aussi Madame Bovary, elle livre un cours pédagogique pour tous afin de décortiquer le pouvoir de la fiction, et invite ainsi à "laisser la place à d’autres récits, plus ténus, en mode mineur".

"La Tendresse" est aux Bouffes du Nord du 4 au 22 mai. "Désobéir", son pendant féminin, création de 2017, est en tournée du 31 mai au 4 juin à la Grande Halle de la Villette et du 15 au 26 juin au théâtre du Rond-Point. "Je suis une fille sans histoire" est au Théâtre du Rond Point du 11 au 29 mai.

Alice Zeniter dans son seul-en-scène "Je suis une fille sans histoire" (15/10/2020)
Alice Zeniter dans son seul-en-scène "Je suis une fille sans histoire" (15/10/2020)
- Simon Gosselin
La Grande Table idées
33 min

Extraits sonores :

  • Extrait de « La Tendresse » de Julie Berès.

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