Laurent Mauvignier, plein feu sur une France oubliée

Laurent Mauvignier
Laurent Mauvignier ©AFP - Joel Saget
Laurent Mauvignier ©AFP - Joel Saget
Laurent Mauvignier ©AFP - Joel Saget
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Un huis-clos inquiétant, une prise d’otage, des personnages pris dans leurs souvenirs…"Histoires de la nuit" (Editions de Minuit, 2020) est le dernier roman de Laurent Mauvignier. Il nous en parle en cette rentrée littéraire.

Avec

Laurent Mauvignier est notre invité autour de son roman Histoires de la nuit, publié aux éditions de Minuit et à paraître ce 3 septembre 2020. Un huis clos à La Bassée, un bourg et quelques hameaux, dont celui de Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida. Marion va fêter ses quarante ans, la fête est en pleine préparation. Or le hameau est pris d’assaut par des rôdeurs, l’occasion pour eux de revisiter leur passé. Dans ce thriller sur les faux semblants qui maquillent chaque existence, une sensation d’inquiétante étrangeté persiste, traverse tout le roman : on sent d’emblée que l’anniversaire n’aura pas lieu comme imaginé.

Marion fait partie de ces personnages qui vous font écrire un livre. Je la regardais un peu amoureusement mais sans savoir qui elle était. Et je crois que j'ai écrit ce livre pour le découvrir.                
(Laurent Mauvignier)

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Je crois que la peur est un territoire commun à l'humanité, et je pense que dans un roman, c'est un élément moteur parce qu'il nous interroge et nous remet en question. La peur nourrit d'autres choses qu'elle-même. Elle produit de l'écriture parce qu'elle produit un besoin de récit, pour essayer de la cerner.                
(Laurent Mauvignier)

Un récit organisé grâce à des retours en arrière dans le passé des personnages, comme pour justifier leurs actes du présent, et joue sur la sensation de ralenti : la terreur est ici suspendue, étirée, dilatée.

La fiction permet de parler de choses qui sont vraiment liés au réel, à l'Histoire... Elle permet de mettre suffisamment de voile pour essayer d'aller chercher quelque chose qui n'est pas de la fiction.                
(Laurent Mauvignier)

On peut lire ce roman comme une tragédie, on peut aussi le lire comme un fait divers... Pour moi, l'idée était de passer par le genre. Il s'agit de traverser le genre, les clichés, toutes les figures stéréotypées, les codes ; pour aller chercher quelque chose qui serait de l'ordre du réel. Qu'est ce qui, par le biais de la fiction, nous permet d'aller vers quelque chose de plus humain ?                
(Laurent Mauvignier)

Ce roman issu à l’origine d’un scénario de vingt-cinq pages accorde une place centrale à l’enfant, comme en écho à ses propres traumatismes d’enfance, et flirte ainsi avec l’auto-fiction. Par ailleurs, on retrouve dans cette oeuvre des caractéristiques de ses autres romans : l'emboîtement des narrations, l’intérêt pour la France périurbaine ou l’entrelacs des monologues intérieurs.

Plus je vais vers des romans très fictionnels, plus j'ai l'impression de pouvoir regarder mes propres cauchemars, mes propres terreurs, mais aussi mon passé et des choses très autobiographiques. Il y a cette phrase de Koltès que j'aime beaucoup : "Je ne dis pas que mon personnage est triste, je dis qu'il va faire un tour.                
(Laurent Mauvignier)

Si le roman a une fonction, c'est peut-être un peu celle des contes, avertir des dangers de la vie.                
(Laurent Mauvignier)

Et pour aller plus loin, cliquez ici pour connaître les 10 romans de la rentrée littéraire 2020 sélectionnés par France Culture et l'Obs

La Grande table idées
32 min

Extraits sonores:

  • Jean Echenoz (France inter, "L'heure bleue", 24/09/2012)
  • Kamel Daoud (France Culture, "Pas la peine de crier", 09/01/2011)
  • Meridian Brothers, "Los Golpeadores de la cumbia" (Cumbia Siglo XXI, 2020)

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