Laurent Petitmangin, de père en fils

Laurent Petitmangin - 2020
Laurent Petitmangin - 2020 - Ed. La manufacture des livres
Laurent Petitmangin - 2020 - Ed. La manufacture des livres
Laurent Petitmangin - 2020 - Ed. La manufacture des livres
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Avec son premier roman "Ce qu'il faut de nuit" (éd. La manufacture de livres), notre invité, l'écrivain Laurent Petitmangin dresse le portrait sensible de l'inconditionnel amour d'un père pour son fils, envers et contre tout.

Avec
  • Laurent Petitmangin Ecrivain

Le portrait d'une famille sur le fil, qui fait aller jusqu'au point de rupture. Le récit est porté par la voix d'un père, technicien SNCF, militant désabusé d'une section locale du Parti socialiste. La "moman" morte d'un cancer ses deux garçons, Fus et Gilou encore enfants, le narrateur assume seul, bon an mal an, un rôle de chef d'une famille où le silence règne en maître. L'ainé rejoint les "fachos" du coin, le cadet s'exile à Paris, et la vie continue. Mais la violence surgit et fait basculer leur existence à tous.

Je suis fasciné par l'idée que la vie puisse basculer dans un sens, pour une minute, tout en étant attaché à la question de la responsabilité individuelle. C'est ce mélange de coup du destin et de responsabilité qui m'a intéressé dans la narration (Laurent Petitmangin).

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Loin des caricatures, la Lorraine qu'esquisse Petitmangin est tout en nuances. L'ombre bassins miniers se frotte aux nouvelles solidarités politiques et sociales, tiraillement entre ouverture et tentation du repli qui innerve jusqu'à la sensibilité personnages :

J'avais envie de donner une vision de la Lorraine que je connais bien, mais une vision contrastée, de ne pas m'enfermer dans un pessimisme. Je crois que cette région est traversée de contradiction, elle connaît des succès économiques et culturels mais aussi des désillusions. Ces contradictions c'est aussi son accueil, c'est une région très accueillante mais qui peut se refermer sur elle-même. En écho, les personnages sont le reflet de ces paradoxes. (Laurent Petitmangin).

Récit puissant au style impeccable, ce premier roman marque l'entrée en littérature de Laurent Petitmangin. Récompensé par de nombreux prix dont le Prix Femina des Lycées 2020 ou encore le Prix Stanislas, " Ce qu'il faut de nuit " esquisse par la voix du père la question de la responsabilité. Jusqu'où est-on responsable de ce qui nous arrive, c'est le vertige auquel il se frotte, face aux choix d'un fils qu'il ne peut qu'aimer en dépit de tout. 

Le titre c'est d'abord un clair-obscur assez classique, comme dans la peinture mais aussi on peut le lire comme un destin qui doit s'opérer pour que l'on puisse se révéler (...) Il a fallu de la nuit à ce père pour complètement aimer son fils. Cette voix de père ce n'est pas la mienne, ni celle de mon père, elle est venue comme ça et j'ai eu envie de la continuer (Laurent Petitmangin).

Car ce roman c'est aussi le portrait d'un père, d'un réalisme sans concession, jusqu'où peut-on aimer un fils, jusqu'à quel prix ?

Ce récit voulait traité de la déception, de la déception d'un père. Est-ce qu'un père peut être déçu par ses enfants. Cette thématique m'intéressait. Le fils ne prend pas le même élan que le père et comment une mécanique se met en place, qui précipite les évènements.(Laurent Petitmangin). 

Récompensé par le Prix du Barreau de Marseille, le roman s'attaque avec justesse la question de la vérité, de celle qui se joue lors du procès à la vérité intime d'un père qui se demande comment aimer encore.

La Grande table idées
33 min

Extraits sonores :

  • Régis Jauffret au micro de La Grande Table, 9 janvier 2020 
  • Documentaire "La Cravate" de Mathias Théry et Etienne Chaillou 
  • Anne Sylvestre " Les vacances de Clémence"