

L'écrivaine Geneviève Brisac nous présente "Les Enchanteurs", son roman sur les mésaventures d'une jeune femme qui cherche du travail, dans le monde professionnel encore très misogyne des années 1970-80. Nouk, l'héroïne de "Petite", parviendra-t-elle à trouver sa place dans le milieu de l'édition ?
- Geneviève Brisac Normalienne, agrégée de lettres et écrivaine
"Ecrire, c'est prendre le parti du non-pouvoir."
Les "enchanteurs", on le comprendra tardivement, ce sont les patrons des maisons d'édition qui manipulent, charment, soumettent, exercent l'emprise sur leurs employées : un "enchantement" pour le moins ambigu, donc, plus proche du sortilège que du ravissement.
De son engagement dans les cercles étudiants militants à ses tribulations dans un milieu éditorial majoritairement masculin, Geneviève Brisac nous fait suivre la vie courageuse de Nouk, jeune fille anorexique dans Petite, et travailleuse persévérante dans Les Enchanteurs ( Éditions de l'Olivier, 2022).
Geneviève Brisac, elle-même éditrice, explore le monde de l'édition et plus largement le monde de l'embauche, de la débauche et du travail. Mais en écrivaine, pas en sociologue : "j'essaye de ne pas avoir de théories préconçues, d'a priori, j'essaye de raconter parce que je ne comprends pas au fond ce qui est arrivé à cette jeune femme pleine d'énergie et d'enthousiasme."
Ce qui est arrivée à Nouk, c'est deux emplois au service d'"enchanteurs", soldés par deux renvois (après deux liaisons). "Les désillusions qu'on écrit deviennent beaucoup plus amusantes", explique la romancière, qui dit aussi écrire dans l'espoir que ses lecteurs et lectrices " se sentent un peu réparés, un peu vengés".
Parmi les nombreuses difficultés auxquelles Nouk doit faire face, il y a le matchisme des employeurs, qui se manifeste notamment par la peur de la femme enceinte, et de tout ce qui l'entoure : "Un bébé c'est dégoûtant* ; c'est presque aussi dégoûtant que la grossesse et les mères,* ironise Geneviève Brisac. Les mères sont bavardes, les bébés sont bruyants et la grossesse coûte cher. Elle coûte cher à l'entreprise. Il y a une ère de l'hostilité envers les femmes enceintes. "
Elle, au contraire, "adore raconter des histoires dans lesquelles il y a des enfants", et n'aura de cesse en tant qu'éditrice de donner leur chance à de jeunes autrices, de les aider à trouver leur voix propre.
"Oser se faire respecter en restant soi-même, ça reste difficile, même aujourd'hui. Parce qu'il est toujours facile, pour le pouvoir en place, de dire : 'non, je n'ai rien entendu'", rappelle l'écrivaine. Avant d'ajouter : "si vous parlez, et qu'on ne vous entend pas, que vous reste-t-il sinon écrire ?"
Extraits sonores :
- Agnès Desarthe / France Culture / 2022
- Anne Sylvestre / France Culture / 2011 (avec des extraits d' Une sorcière comme les autres et Non, tu n'as pas de nom)
- Laurent Bardainne & Tigre d'eau douce - Oiseau feat Bertrand Belin
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