Maguy Marin, reine de l'espace

Maguy Marin à Paris, le 21 avril 2016
Maguy Marin à Paris, le 21 avril 2016 ©AFP - Patrick Kovarik
Maguy Marin à Paris, le 21 avril 2016 ©AFP - Patrick Kovarik
Maguy Marin à Paris, le 21 avril 2016 ©AFP - Patrick Kovarik
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Nous recevons la danseuse et chorégraphe Maguy Marin pour son dernier spectacle, "Ligne de Crête", qui se donnait récemment au théâtre des Abbesses, et qui est actuellement en tournée en France. Une critique implicite de nos modes de vie, de la société de consommation et du néo-libéralisme.

Avec

Aujourd'hui, la danse-manifeste de Maguy Marin ! Inspirée par Capitalisme, désir et servitude, l'un des ouvrages phares de Frédéric Lordon, la chorégraphe appelle à lever le pied, à réfléchir à nos vies automatisées, dans son nouveau spectacle Ligne de crête, présenté au théâtre des Abbesses à Paris, désormais en tournée. Fin février, elle retrouvera par ailleurs le Théâtre de la Ville, à l’Espace Cardin, pour une nouvelle série de représentations de sa pièce chorégraphique de 1981, May B.

J’ai une certaine impatience à goûter les choses et à vivre intensément.

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On a peur de se retrouver devant la fragilité et le miracle de l’existence. […] on se bourre d’activités pour se donner l’impression qu’on est vivant. Et si on arrêtait ça, on se rendrait compte tout à coup de quelle respiration profonde on pourrait profiter.

Mais le monde va tellement à la rentabilité, à la quantité et pas à la qualité, qu’on est tous pris dans ce rythme effréné de course. C’est quelque chose qui est très politique

J’adore la répétition. Simplement, il y a répéter et répéter : sous la forme d’une photocopie, d’une imitation très stricte de ce qui nous est demandé, et puis dans ces répétitions dont on a besoin, comment on arrive à créer des espaces d’invention, de liberté

Le rythme auquel on se soumet et le rythme de consommation auquel on se soumet va finir par faire exploser la planète. Il y a un moment où il faut rendre les choses très tangibles pour le public. Cette pièce essaie de dire l’insupportable de la réalité qu’on vit.

On peut collaborer sur beaucoup de choses, mais il y a parfois des moments où la collaboration n’est pas ni nécessaire ni souhaitable. On a besoin de penser par soi-même, tout seul, sur des choses, mais ensuite on a besoin forcément de les confronter à d’autres

Parfois le travail lui-même du corps ou du rythme en dit autant que des explications. Je pense que l’explication n'est pas vraiment utile. C’est plus des choses sensibles qu’on peut partager, et que chacun, même s’il n’en parle pas, peut ressentir

Je serais plutôt pour lire de la philosophie. C’est peut-être ça la discipline qui me fait le plus de bien, enfin, qui m’aide à vivre, et à me tenir.

Maguy Marin sera cette année au Théâtre de la Cité à Toulouse, pour un temps fort Portrait / Paysage (May B du 29 novembre au 1er décembre 2018, Partage de danses du 13 au 15 mars 2019, Ha ! Ha ! du 13 au 14 avril 2019, et Ligne de crête du 22 au 24 mai 2019).