Entretien avec la réalisatrice et actrice Maïwenn, à l'occasion de la sortie de son nouveau film "ADN", en salles le 28 octobre.
- Maïwenn Actrice, réalisatrice et scénariste française
Actrice, scénariste et réalisatrice française, Maïwenn a été nommée au César du meilleur espoir féminin et du meilleur premier film pour Pardonnez-moi (2006), portrait de famille au vitriol, puis nommée deux fois à celui de meilleure réalisatrice pour Polisse (2011), immersion dans la Brigade de protection des mineurs, et Mon roi (2015). Elle incarne une nouvelle génération de cinéastes qui ne se cachent pas derrière leur caméra. Dans une veine intime, elle entreprend dans son nouveau film ADN une quête du moi dans le deuil et la perte.
Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Que dit de nous notre ADN ? Née d'un père breton d'origine vietnamienne et d'une mère franco-algérienne, Maïwenn explore dans ce nouveau film son obsession pour la question des origines. Il y a beaucoup d'elle dans le film, même si elle se défend d'avoir conçu un film purement "autobiographique". Cette quête identitaire à travers son propre passé, ses origines algériennes et son enfance abîmée se déploient avec humour et sensibilité dans un film qui lutte contre l'oubli du passé, qui réveille la curiosité de chaque spectateur pour son passé, ses racines.
Nous sommes constitués de plein de choses qui nous échappent. Quand les années passent et qu'on prend conscience que la mort approche, on a beaucoup plus envie de s'approcher de ce qui nous échappe. Je crois que c'est grâce à ce que m'ont transmis mes grands-parents, qui étaient communistes, qui avaient fait un mariage mixte, et leur mort m'a réveillée, m'a donnée envie de comprendre. L'ADN, c'est aussi celui que l'on choisit. (Maïwenn)
J'ai voulu m'accaparer mon histoire et me la réapproprier. Ma mère ne m'avait pas transmis l'envie de connaître l'Histoire de la France et de l'Algérie. Je lutte, je fais tout pour que rien ne soit oublié. Je pense que le devoir de mémoire est une belle chose. On porte l'histoire de ses ancêtres, mêmes ceux que l'on n'a pas connus.(Maïwenn)
L'histoire est celle de Neige, jouée par Maïwenn, divorcée et mère de trois enfants, à la mort de son grand-père algérien Émir, pilier de famille qu'elle admirait par dessus tout. La disparition de cet homme qui l’a élevée et protégée de la toxicité de ses parents complique les rapports entre les nombreux membres de la famille, réveillant les rancœurs. Neige peut compter sur le soutien et l’humour de François, son ex, joué par Louis Garrel. La mort du grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez le personnage principal. Elle va vouloir comprendre et connaître son ADN. La famille doit tenter de se recomposer sans son centre. C'est un film de funérailles, un film sur le deuil, qui permet de développer une dramaturgie très intense : réunis autour d'un défunt, les membres de la famille sont amenés à se retrouver, à parler, à se souvenir et parfois à régler leurs comptes. La famille apparaît comme le lieu de toutes les passions, un sujet qui est notamment abordé à travers le prisme de l'humour.
Quand je fais un film, j'ai déjà une grande distance vis-à-vis du sujet. Si je suis dans la rancune, je ne peux pas faire un film. (Maïwenn)
Maïwenn met en place un dispositif léger, ne cherchant pas le mot à mot, mais laissant place à l'improvisation et au naturel des acteurs, notamment en ce qui concerne les passages joués par son ami Louis Garrel. Mentionnons aussi Dylan Robert, révélé en 2018 par le film "Shéhérazade", qui crève à nouveau l'écran dans le film de Maïwenn.
Un acteur c'est avant tout une personnalité. Il n'y a rien de mieux que de filmer quelqu'un qui s'en fout. Et quelqu'un qui s'en fout c'est quelqu'un qui n'a pas peur. (Maïwenn)
Je crois que mes films me ressemblent. Il parait que je suis intense. J'admire ceux qui arrivent à analyser pourquoi ils font les choses, moi je n'y arrive pas, pour moi ça reviendrait à analyser pourquoi on est amoureux de telle ou telle personne.(Maïwenn)
Extraits sonores :
- Bande annonce du film "ADN"
- Extrait du film "ADN"
- Montage : les films de funérailles, avec "Nos funérailles" d'Abel Ferrara ; "Adieu Berthe" de Bruno Podalydès ; "Ceux qui m'aiment prendront le train" de Patrice Cherreau ; "Les chansons d'amour" de Christophe Honoré ; "Back home" de Joachim Trier
- Bachar Mar-Khalifé, "Lira", album "On / Off" sorti le 23 octobre
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