Maria Pourchet et l’amour pyromane

L’écrivaine Maria Pourchet, à Lyon, en 2019.
L’écrivaine Maria Pourchet, à Lyon, en 2019. - Crédit BERTRAND GAUDILLÈRE/ITEM
L’écrivaine Maria Pourchet, à Lyon, en 2019. - Crédit BERTRAND GAUDILLÈRE/ITEM
L’écrivaine Maria Pourchet, à Lyon, en 2019. - Crédit BERTRAND GAUDILLÈRE/ITEM
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Pourquoi aime-t-on ? Le désir a-t-il un sens ? Autant de questions que l'écrivaine Maria Pourchet aborde avec une plume délicate et acérée dans son sixième roman, "Feu" (Fayard 2021), déjà sur les listes du Goncourt, du Flore et du Renaudot.

Avec

Laure, 40 ans, professeure d'université et épouse ennuyée, rencontre Clément, 50 ans, salaire à cinq chiffres et banquier à la dérive. C'est l'histoire de cette rencontre, ces heurs et malheurs  que nous raconte Maria Pourchet dans son roman Feu ( Fayard), paru en septembre et vedette de la rentrée littéraire. 

Maria Pourchet avait "vingt-cinq ans d'amour à nettoyer" : dans ce livre elle s'attaque à la passion, ce thème très vieux, avec une plume très neuve qui évite les pièges de la fleur bleue : 

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J'y suis allée tellement "trop" dans ce texte là, j'ai payé de ma personne, vraiment ... Je ne pouvais pas me faire aussi mal en écrivant et que ce soit gnangnan, je ne vois pas comment ça aurait pu se produire. (Maria Pourchet)

Après avoir hésité à écrire un roman en narration exclusivement féminine, Maria Pourchet signe finalement un livre polyphonique, qui fait alterner les voix des deux protagonistes, Laure et Clément : 

La question de l'alternance des points de vue, c'était une manière d'éviter certains pièges. Si je me privais d'un point de vue masculin, je risquais de cultiver un point aveugle énorme ... Mais ça a été un prétexte pour poser beaucoup de questions aux hommes de mon entourage, des questions très intimes, très indécentes, que je n'aurais pas osé poser sans le filtre du "j'écris un roman, réponds-moi "! (Maria Pourchet)

Les deux personnages se cherchent et se trouvent, avant de se perdre en croyant se sauver :

En allant vers lui, Laure se sauve dans un certain état de sa vie, d'ennui et de léthargie ... Donc, dans un premier temps, elle se sauve, et, très rapidement, elle veut le sauver elle-même, elle se dit que ses sentiments vont suffire. Et cette mission va finir par se retourner contre elle. (Maria Pourchet)

Laure ne parvient pas en effet à redonner complètement courage à un Laurent miné par le "doute destructeur" : 

Je voulais dire quelque chose de mon temps, et davantage sur les hommes que sur les femmes d'ailleurs ... sur la jeunesse aussi. Je me suis rendue compte à quel point je ne voudrais pas être un homme aujourd'hui. Toutes les définitions de la masculinité ont disparu ; l'injonction à être un homme est restée, mais le paradigme a disparu. Ce personnage de Clément , il est dans cette espèce de vide juridique, où on lui demande toujours d'être viril, mais on ne lui dit pas comment, et donc du coup ... il n'essaye même plus. (Maria Pourchet)

L'ensemble du roman propose une vision parfois dure et brutale de l'amour, mais ne se départit jamais d'une grande bienveillance et de beaucoup d'espoir : "l'amour est une souffrance" ne va pas sans "l'amour est une chance" : 

Ce que j'ai appris de plus profond sur moi, c'était au gré d'une histoire d'amour : aucune formation intellectuelle, sociale, ne peut vous apporter ce que le fait d'accepter de tomber amoureuse vous apporte ... (Maria Pourchet)

La Grande Table idées
32 min

Extraits sonores

  • Charles Bukowski, Une définition de l'Amour
  • Pierrot Le Fou, Belmondo et Anna Karina
  • Agnès Desarthe sur France Culture, 2018

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