Shantala Shivalingappa danse avec les cendres

Shantala Shivalingappa dansant "Swayambhu" au Terrace Theater du Kennedy Center à Washington (mars 2011)
Shantala Shivalingappa dansant "Swayambhu" au Terrace Theater du Kennedy Center à Washington (mars 2011) ©Getty - Gerald Martineau, The Washington Post
Shantala Shivalingappa dansant "Swayambhu" au Terrace Theater du Kennedy Center à Washington (mars 2011) ©Getty - Gerald Martineau, The Washington Post
Shantala Shivalingappa dansant "Swayambhu" au Terrace Theater du Kennedy Center à Washington (mars 2011) ©Getty - Gerald Martineau, The Washington Post
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Shantala Shivalingappa, danseuse et chorégraphe d'origine indienne, est l'invitée de la Grande Table, pour sa représentation dans aSH, un portrait mis en scène par Aurélien Bory. Du 16 février au 1er mars à la Scala à Paris.

Avec
  • Shantala Shivalingappa Danseuse et chorégraphe

Shantala Shivalingappa a d'abord été formée à une danse classique indienne, le Kuchipudi. Dès son adolescence, elle a dansé pour Maurice Béjart, Peter Brook, est passée par la famille Pina Bausch puis a dansé avec Sidi Larbi Cherkaoui… Elle revient sur ses racines artistiques et influences, qui ont donné naissance à son style. 

Dans aSH, la danse que l’on voit n’est pas d’une forme particulière. Elle découle de tout ce qui m’a nourrie, qui m’a imprégnée et qui m’habite aujourd’hui. (…) Elle découle plutôt d’une volonté de réagir à un espace intérieur et un espace extérieur, sans jamais chercher un vocabulaire précis, pour aller au-delà du vocabulaire.

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Elle nous parle de ce qu'elle sent lorsqu'elle danse : 

C’est dans cet état de calme intérieur que j’arrive à manier l’énergie de la manière la plus concentrée et intentionnelle possible, de la rendre explosive et plus lente parfois.

C’est une danse assez totale. C’est l’ancrage dans le sol qui donne la liberté dans le haut du corps. Toutes les parties du corps travaillent ensemble. 

Ce portrait a été le fruit d'une longue conversation avec Aurélien Bory, qui a mis en scène cette création pour Shantala Shivalingappa.

Ça a duré 4 ou 5 ans, notre grande conversation qui a provoqué la création de aSH. On a parlé de l’intention qui motive la danse et les arts en Inde. Bien sûr qu’il y a une attention très particulière à la forme, et un apprentissage très rigoureux. (...) L’intention qui anime la danse et les arts en Inde, c’est de célébrer une dimension que l’art peut permettre de faire, une expérience au plus profond de soi. 

J’ai toujours été passionnée par la physique quantique. Pour moi, Shiva est une métaphore existentielle, puisque la physique quantique nous dit qu’au fond de tout, il y a la vibration. Et cette vibration est la même au cœur de tout. 

En Inde, le rapport à la mort est omniprésent. On prend un peu de cendre sacrée que l’on met sur le front. La mortalité nous fait voir comme la vie est précieuse. (...) Shiva est un dieu qui danse dans les champs de crémation, là où il y a la mort, pour faire revivre les choses. On est vraiment partis des cendres dans cet état là : quand quelque chose est détruit, il reste la cendre. Et à partir de cette cendre, il est possible de revivre, de créer. Tout est un cycle, il n’y a pas de début, il n’y a pas de fin ; il y a une existence, un espace infini que l'on ne peut pas sonder, comprendre avec notre mental. Il faut d’autres outils pour parvenir à cette expérience. Et l’art serait l’un de ces outils. 

Sa collaboration avec Pina Bausch a été particulièrement marquante. 

Quand j’ai commencé à travailler avec Pina Bausch, j’étais encore en train d’apprendre le Kuchipudi, qui est une danse où tout est écrit. (…) d’un coup, il fallait chercher des mouvements, créer des mouvements à partir de rien presque. Ça a été une énorme découverte. J’ai énormément observé tous les danseurs de Pina Bausch pour ça. Je pense que c’est une plongée dans une approche totalement différente du mouvement. 

La Grande table idées
32 min

Extraits sonores : 

  • aSH, extrait sonore du spectacle
  • Aurélien Bory sur aSH - Scène nationale de Châteauroux - 16/05/2018
  • Inde / reportage Ruptly - cendres en Inde
  • Nvté ZIK - Séverin - 30 minutes après ma mort / album Transatlantique - 15/02/2019
  • Hors Champs - Pour Pina : 40 ans déjà, par Anne Linsel - 03/01/2014

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