Simon Abkarian, Charles Berling : "Nous sommes là, vivants, tremblants, mais toujours debout"

Simon Abkarian
Simon Abkarian ©Getty - Claude Medale
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Dialogue entre deux comédiens et metteurs en scène, Simon Abkarian, - à l'occasion de sa pièce "Le dernier jour du jeûne", dont les représentations au Théâtre de Paris reprendront le 15 décembre - et Charles Berling, directeur du Théâtre Châteauvallon-Liberté à Toulon.

Avec

Simon Abkarian est un acteur français d’origine arménienne. Comédien formé au sein de la troupe d'Ariane Mnouchkine et récompensé en 2001 d'un Molière du meilleur comédien sous la direction d'Irina Brook, il a aussi tourné avec de nombreux réalisateurs, en commençant par Cédric Klapisch. Il est aussi auteur et metteur en scène de ses pièces : ainsi, en 2020, sa pièce Electre des bas-fonds remporte 3 Molières.

Le fait de faire du théâtre est déjà un miracle qui vient de l’utopie démocratique, c’est un pas vers une monde meilleur. (Simon Abkarian)

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Son spectacle Le dernier jour du jeûne, où l'on retrouve entre autre Ariane Ascaride dans le rôle de Nouritsa, reprendra au Théâtre de Paris du 17 décembre au 2 janvier. Cette "tragi-comédie de quartier" nous plonge dans un décor méditerranéen où les maisons blanches tournoient pour nous raconter une histoire de famille, de voisinage, de femmes. La tradition des pièces antiques mettant en scène des femmes en proie à la fatalité et dotées de pouvoirs de prophétesses rencontre des préoccupations contemporaines : ces femmes rêvent d'amour, expriment leur désir, parlent de sexualité, se libèrent du poids de la tradition. 

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Charles Berling, lui, est metteur en scène, réalisateur, scénariste, producteur, chanteur, et directeur du Théâtre Châteauvallon-Liberté de Toulon depuis 2010. 

Charles Berling
Charles Berling
© AFP - LAURENT EMMANUEL

Tous deux sont signataires de cette tribune publiée dans le Nouvel Obs, initiée par Caroline Proust et Alain Fromager. Les artistes montrent comment le nouveau confinement a poussé les théâtres à se tourner vers d’autres formes pour maintenir le lien avec le public : lectures, diffusions de captations, et, surtout, utilisation de plateformes avec diffusion en direct, ce qui donne l’illusion d’un « spectacle vivant ». Mais, en réduisant la valeur d'un spectacle au nombre de « vues » et en rendant possible la diffusion de commentaires par les spectateurs pendant la pièce, en plus de banaliser la disparition des salles de spectacle, ces solutions temporaires représentent une menace bien réelle pour le monde du spectacle vivant. Les signataires mettent en garde contre le recours systématique au numérique et la concurrence des plateformes.

Il y a beaucoup de dégâts dans la profession, surtout pour les plus fragiles et les indépendants. [...] C’est une erreur de penser qu’on va s’en sortir en essayant de combler l’inexistence du lien physique, car ce n’est pas la même chose. On peut faire un travail autour du spectacle vivant, mais on ne peut pas le remplacer. (Charles Berling)

Le théâtre et la diversité culturelle sont les signes de la bonne santé d’un pays, de sa démocratie. Quand ça n’existe plus, il faut s’interroger quant à la qualité des eaux : nous sommes les écrevisses, les truites de cette démocratie. Si on meurt les premiers, c’est parce que nous sommes les plus sensibles à la pollution intellectuelle. (Simon Abkarian)

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Extraits sonores :