

L'essai de Tania de Montaigne "Noire. La vie méconnue de Claudette Colvin", porté à la scène au théâtre du Rond-Point en juin 2019 avec la complicité du metteur en scène Stéphane Foenkinos, sera diffusé sur France 5 le 19 mars 2021.
- Tania de Montaigne romancière
Publié en 2015 dans la collection "Nos Héroïnes", l'essai de Tania de Montaigne Noire. La vie méconnue de Claudette Colvin (Grasset) rend justice en le mettant en lumière au geste de Claudette Colvin, adolescente alors âgée de 15 ans, qui refuse de céder sa place à une femme blanche dans un bus de Montgomery, en Alabama, le 2 mars 1955; soit 9 mois avant que Rosa Parks ne devienne un symbole mondial de la lutte pour les droits civiques en faisant la même chose. Tania de Montaigne immerge son public dans la série d'épreuves que devra traverser la jeune Afro-américaine : après avoir été arrêtée par la police, elle décide de porter l'affaire en justice, approuvant le projet de son avocat, Fred Grey, qui compte faire remonter l'affaire devant la Cour Suprême des Etats-Unis, est condamnée puis abandonnée par le reste du mouvement.
Quand elle fait ce geste, Claudette est seule. Le collectif arrivera bien après. Ce qui la tient est la question de la justice, et c’est ce qui fait que pour moi elle est héroïque. Je trouvais intéressant de raconter l’histoire de quelqu’un dont la particularité n’est pas d’être spectaculaire, ou de faire du bruit, mais de maintenir quelque chose qui lui semble juste contre vents et marées. (Tania de Montaigne)
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A travers cette histoire transformée en spectacle hautement immersif, Tania de Montaigne soulève plusieurs questions dont la portée traverse l'Atlantique. D'abord, celle de la citoyenneté : Tania de Montaigne s'interroge sur ce qu'implique être citoyen, sur les responsabilités qui en découlent, notamment vis-à-vis de nos concitoyens. Ensuite, Tania de Montaigne ouvre une discussion sur ce qu'est un héros, ou plutôt une héroïne. Cette catégorie semble en effet largement dépendante, non pas d'une contingence historique, mais de la réaction des contemporains. Tania de Montaigne rappelle l'injustice qui a été faite à Claudette Colvin, à qui on a refusé le statut de visage du mouvement des droits civiques, car pauvre, et fille-mère.
Il a été dit de Claudette Colvin qu’elle n’a pas été le visage de la lutte car elle était enceinte. De l’autre côté, on parle de Rosa Parks comme d’une femme irréprochable, une sainte vierge. Dans les deux cas, on ne raconte pas ces femmes. (Tania de Montaigne)
Dans un contexte de tensions sociales exacerbées autour de la lutte anti-raciste, le discours porté par Tania de Montaigne permet de revenir aux fondamentaux, c'est à dire, à la question de la loi et de la justice. Dans son livre comme dans son spectacle, Tania de Montaigne rappelle qu'"être noir n'est pas une question de peau, c'est une question de regard, de ressenti."
Tout le monde pense que ce que l’on projette sur l’autre est naturellement présent. C’est ça le racisme. Le racisme fabrique l’idée qu’une personne est par nature, qu’un Noir est un Noir, pour toujours, de toute éternité. En se resituant comme citoyenne, Claudette Colvin invite à traverser la couleur. Il faut que les gens soient remis dans leur singularité. Ça ne doit pas justifier que, dans certains endroits, il y ait seulement des gens d’une seule couleur ou des hommes. (Tania de Montaigne)
Extraits sonores:
- Claudette Colvin en 2016
- James Baldwin en 1968 sur le Dick Cavett Show
- "Quien Podrá Saberlo" de Dom La Nena et Julieta Venegas, Tempo, 2021
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