

Redécouvrir Truffaut avec les regards croisés de la scénariste et réalisatrice Axelle Ropert et d'Olivier Père, directeur général d'Arte France Cinéma, sur le cinéaste que l'on croit connaître mais dont l'oeuvre ne cesse de nous surprendre.
- Olivier Père
- Axelle Ropert Réalisatrice
François Truffaut est à l'honneur de cette Grande table : cinéaste majeur de la Nouvelle Vague et auteur de 21 longs métrages, il a aussi été critique aux Cahiers du cinéma aux côté de son père spirituel André Bazin et de la bande des Jeunes Turcs : Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Jacques Rivette et Eric Rohmer.
Pour en parler aujourd'hui, Axelle Ropert, journaliste, scénariste et réalisatrice. Elle a contribué au livret du coffret DVD François Truffaut, la passion cinéma (Arte Editions, disponible à partir du 17 novembre) qui propose 8 films restaurés, dont "La Mariée était en noir" ou "L'Enfant sauvage". Olivier Père est quant à lui directeur général d'Arte France Cinéma et directeur de l'Unité Cinéma d'Arte France. C'est lui qui a coordonné l'édition du coffret.
L'actualité de François Truffaut, c'est aussi 12 de ses films à voir sur Netflix, et ce depuis un accord conclu entre Netflix et Mk2 en avril 2020 dont Les 400 coups (1959), Tirez sur le pianiste (1960), Jules et Jim (1962) ou encore La peau douce (1964).
Arte lui consacre par ailleurs en un cycle rétrospectifs enrichi d'un programme critique " Truffaut vu par " . Deux diffusions sont à venir sur la chaine : "Vivement dimanche !" le 19 novembre, et "L'Histoire d'Adèle H", le 25 novembre.
Certains de ses films ont eu beaucoup de succès à leur sortie, comme les Quatre cents coups, et d’autres moins, étaient considérés comme des ratés, des échecs; ils ont grandis au fil des années grâce à la télévision et la vidéo. Une proximité entre Truffaut et les spectateurs s’est progressivement installée, en France mais pas seulement, aussi en Asie, aux États-Unis (…) C’est un cinéaste qu’on visite régulièrement. A chaque fois, on peut découvrir une nouvelle facette, son œuvre est à la fois extrêmement cohérente et d'une grande diversité (Olivier Père).
Le succès de Truffaut en période de confinement dit quelque chose de la force de son cinéma. Le fait qu’il marche si bien alors qu’aujourd’hui on vit une période de glaciation des rapports et des sentiments humains n’est peut-être pas un hasard. Truffaut est peut-être le cinéaste de la nouvelle vague qui a le plus travaillé le rapport affectif immédiat au spectateur. Il a inventé des grands personnages qui avaient une forme de simplicité, de franchise et qui suscitent une affection directe du spectateur comme Antoine Doinel. (Axelle Ropert).
Truffaut, c'est peut-être avant tout un regard : celui d'un cinéaste amoureux des femmes - sublimées dans son oeuvre, sans se réduire à l'expression du seul désir érotique.
C’est un cinéaste toujours du côté des femmes, des personnages féminins. Quand on regarde La Sirène du Mississipi ou encore La Peau douce non seulement il est du côté de Catherine Deneuve ou François Dorléac, mais au-delà, il est un peu elle au travers de ses personnages. Truffaut s’est toujours identifié à ses jeunes femmes volontaires, indépendantes, même parfois marginales. (…) Au contraire, les personnages masculins sont plus passifs, plus en retrait. (Olivier Père)
J’ai découvert Truffaut à l’adolescence, j’avais adoré ses personnages féminins. Quand j’ai revu "L’homme qui aimait les femmes", j’avais peur que son cinéma soit devenu vieillot, avec un rapport de prédation donjuanesque aux personnages féminins. J’avais peur qu’en 2021, ça ne m’intéresse plus. Mais en revoyant le film, toute la névrose du film, sa complexité, me sont apparues. Il y a une part de désir érotique mais sa névrose personnelle complexifie l’œuvre, il y a toujours quelque chose d’indécidable dans son rapport aux femmes. (Axelle Ropert)
Extraits sonores:
- Truffaut au micro de Jacques Chancel, Radioscopie, 26 juin 1969
- Ouverture du film "L'homme qui aimait les femmes"
- Truffaut au micro de André Halimi pour " Morceau de bravoure", 3 septembre 1973
- La Sirène du Mississippi, extrait
- Module réalisé par Félicie Faugère (Jeanne Moreau 26 oct. 69, C. Deneuve 16 sept. 1980, I. Adjani 13 déc. 1977, F. Ardant 27 sept. 1981)
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