La comédienne Valérie Dréville, celle qui a joué avec les plus grands metteurs en scène, se raconte et nous parle de "Danses pour une actrice", une pièce pensée pour elle par le chorégraphe Jérôme Bel pour le Festival d'Automne 2020.
- Valérie Dréville Comédienne
Depuis bientôt 40 ans, la comédienne Valérie Dréville déploie son art de la métamorphose aux côtés des plus grands metteurs en scène, d'Antoine Vitez à Sylvain Creuzevault, en passant par Claude Régy, disparu le 26 décembre 2019, Thomas Ostermeier, Alain Françon... De ces incarnations auprès de directeurs d'acteurs aussi singuliers que différents, elle retire une énergie vitale. Chacun de ces rôles l'accompagne et lui procure une grande richesse ainsi qu'une diversité d'approches du jeu de comédienne.
Valérie Dréville se considère comme une "éternelle élève". Il s'agit pour elle de faire table rase, de tout remettre en question, comme aux côtés de Claude Régy ou d'Anatoli Vassiliev pour "Médée-Matériau" d'Heiner Müller. De ce rite initiatique, elle tire un ouvrage : " Face à Médée: Journal de répétition" (Actes Sud, 2018).
Avec Claude Régy, il n'y avait pas de chemin tout tracé, c'était l'écoute avant le voir, il nous mettait à l'écoute du silence, à l'écoute des corps, le fait de quitter le corps quotidien. Avant de trouver une forme d'existence, il faut du temps.
(Valérie Dréville).
Fil rouge de son parcours, la quête du dépassement est au coeur de " Danse pour une actrice ", créé aux côtés du chorégraphe Jérôme Bel. Dans le cadre du Festival d'Automne, le spectacle sera présenté du 7 au 16 octobre à la MC93, du 19 au 26 novembre à La Commune, centre dramatique national Aubervilliers, puis en tournée à Valence, au Centre dramatique national Drôme – Ardèche, des 2 au 4 décembre et à Toulouse, au Théâtre Sorano, les 14 et 15 avril 2021. Cette rencontre avec la danse est l'occasion pour Valérie Dréville d'expérimenter un autre rapport au corps par un langage différent de celui du jeu théâtral.
Je pense que ce qui différencie une danseuse d'une actrice, c'est que l'actrice n'a pas de technique, mais qu'elle a une forme de technique qui a à voir avec l'arrivée des émotions, une sorte de connaissance intérieure du chemin qui mène à l'émotion. C'est une forme de mode de vie. Je crois que c'est ça qui intéresse Jérôme Bel : comment une actrice s'empare de la danse avec cette aptitude sur le territoire des émotions, des affects. Je m'en suis rendue compte que dès que je faisais un effort physique intense, la mémoire de mon corps s'activait. Il y a une limite au langage que le corps dépasse.
_(_Valérie Dréville)
Acquis au mouvement chorégraphique, le corps de la comédienne ne se plie pas pour autant à une abnégation au geste, à son exactitude formelle, telle que l'a incarné la danse classique. La danse est au contraire pour Valérie Dréville une voie de libération, s'inscrivant dans les pas de la danseuse et chorégraphe Isadora Duncan, qui n'a cessé de "danser sa vie".
Je crois que ce qui m'a intéressé avec le travail du corps, c'est le fait d'entrer en contact avec sa vie intérieure, avec son énergie propre. Et l'improvisation est une sorte de rencontre avec l'être profond. (...) Isadora Duncan parle du fait que toutes ces chorégraphies sont sa vie, elle danse sa vie. Alors peut-être que ce spectacle n'est rien d'autre que ma propre vie.
(Valérie Dréville)
Extraits sonores:
- Jérôme Bel / Valérie Dréville "Danse pour une actrice"
- Jérôme Bel, France Culture (Hors Champs, 2012)
- Boris Charmatz, France Culture (sept. 2020)
- Pina Bausch (Les nuits magnétiques, 1990)
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