"Le parfum de marbre lointain de la Sainte-Victoire" apportait-il à Cézanne les effluves de l'Italie du Tintoret, du Caravage et de Poussin ? À l'occasion de l'exposition Cezanne et les Maîtres. Rêve d'Italie au musée Marmottan Monet, nous revenons sur les influences italiennes du peintre.
- Dominique Dupuis-Labbé historienne de l’art, commissaire d'exposition
- Alain Pagès Historien de la littérature, professeur émérite à l'Université Sorbonne-Nouvelle-Paris 3
- Alain Tapié Historien de l'art
Cézanne a passé sa vie à scruter et à se nourrir de la peinture italienne des siècles précédents, et ce sans jamais quitter la France. Loin de se contenter de copier les chefs-d'oeuvres des maîtres, il y puise les éléments qui lui permettront d'exprimer toute son originalité.
C’était un amateur de peinture ancienne. Il a un œil, il est fasciné par la composition, les rapports des lignes, de masses, des couleurs (...) Plus que de l’inspiration, c’est de l’amour : il a gardé cet amour de la peinture italienne toute sa vie. Dominique Dupuis-Labbé
Publicité
Cézanne a le désir de s’inscrire dans une tradition de la peinture (...) Il n’a pas peur des sujets ; il va chercher des sujets tout à fait étonnants pour la période à laquelle il crée. Il a cette capacité de s’approprier ce que ses prédécesseurs ont apporté pour en faire quelque chose de tout à fait unique et personnel. C’est une part de son héritage : il a délivré la génération suivante d’un certain nombre de conventions, de cadres, voire de respect. Dominique Dupuis-Labbé
Ce qu’apporte l’impressionnisme à Cézanne, c’est cette distanciation qui n’était pas véritablement saisissable pour le public, alors qu’elle existe en germe dans ses premiers tableaux (...) Cézanne est le peintre des métamorphoses permanentes. Alain Tapié
Considéré comme père de la peinture moderne, il a révolutionné la manière de considérer les modèles en traitant tout objet comme un sujet. Récusant la hiérarchie académique des sujets, il ouvre la voie aux mouvements du XXe siècle.
Cézanne allait tout le temps au Louvre, dans les musées (…) au Louvre en particulier il dessinait mais il ne copiait pas ; il attrapait des modelés sur des statuaire antiques, ces passages de la lumière qui lui permettaient de dire : « La ligne n’existe pas plus dans la nature qu’elle existe dans la peinture ». Alain Tapié
Pour lui, il n’ya pas de différence entre ce qu’il voit dans un musée et ce qu’il voit dans la nature (...) Kandinsky disait des natures mortes de Cézanne qu’elles étaient extérieurement mortes mais intérieurement vivantes. Il peint avec un but intérieur qui est de produire une image, de sublimer la nature avec le pictural. Dominique Dupuis-Labbé
Le peintre a aussi nourri tout au long de sa vie un dialogue intellectuel avec Zola, son ami d'enfance. Si l'on a longtemps cru que les deux hommes s'étaient brouillés après la publication du roman L'Oeuvre de Zola en 1886, les études récentes de leur correspondance démentent cette théorie. La jeunesse aixoise et les promenades dans la campagne provençale auront, de bien des manières, façonné l'oeuvre et le regard de l'un et de l'autre.
Il n'y a pas du tout eu de rupture entre les deux hommes, mais à partir de 1887, ils n’auront pas l’occasion de se retrouver : Cézanne à Aix, Zola menant sa vie parisienne. Mais quand Zola meurt en 1882, Cézanne s’enferme dans son atelier et pleure pendant 2 jours (...) D’une certaine façon, il y a bien eu dans l’expérience commune de Zola et Cézanne cette fraternité du génie. Alain Pagès
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration