Pourquoi tant de friches ?

Photo prise lors de la première semaine d'ouverture de La Cité Fertile
Photo prise lors de la première semaine d'ouverture de La Cité Fertile - © La Cité Fertile
Photo prise lors de la première semaine d'ouverture de La Cité Fertile - © La Cité Fertile
Photo prise lors de la première semaine d'ouverture de La Cité Fertile - © La Cité Fertile
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Entre utopie et concept marketing, comment envisager les friches ? Pour comprendre ce phénomène urbain, nous recevons en première partie deux acteurs de ces mutations de la ville contemporaine et une anthropologue. En deuxième partie, portrait de l'écrivain François Bégaudeau.

Avec
  • François Bégaudeau Ecrivain
  • Simon Laisney directeur général et fondateur de Plateau Urbain
  • Stéphane Vatinel directeur de Sinny & Ooko, entreprise d’ingénierie culturelle fondée en 2008
  • Saskia Cousin anthropologue, maîtresse de conférence à l'Université Paris Descartes

PREMIÈRE PARTIE : Pourquoi tant de friches ?

Avec Stéphane Vatinel, directeur de Sinny & Ooko, entreprise d’ingénierie culturelle fondée en 2008, pour le lancement de la friche éphémère La Cité Fertile qui a ouvert ses portes à Pantin le 15 août    

Simon Laisney, directeur général et fondateur de Plateau-urbain, une coopérative d'urbanisme temporaire qui propose la mise à disposition d’espaces vacants pour des acteurs culturels, associatifs, et de l’économie sociale et solidaire

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Et Saskia Cousin, anthropologue, maîtresse de conférence à l'Université Paris Descartes, au Centre d’anthropologie culturelle (CANTHEL). Elle est notamment l'auteure de l'article L'éternel temporaine dure-t-il ? - Imaginaires Bobos, Roms et Bohème.

Quelque chose a changé quand on passe par les anciennes zones industrielles des villes de France. 

Les locaux de l’ancienne manufacture d’arme de Saint-Etienne ont été en partie réhabilités et sont occupés désormais par des incubateurs de start-up, des lieux d’exposition, et des cantines. A Bordeaux, l’ancienne caserne de l’armée, le magasin général, est devenue l’espace Darwin, un lieu polyvalent qui propose au passant de multiples activités. 

On appelle ces friches, des tiers-lieux, des endroits où l’on ne travaille pas, et où l’on ne pratique pas d’activités domestiques. Des lieux où s’invente dit-on la ville de demain et une nouvelle manière d’envisager la culture.

On tente de travailler sur l'accessibilité des personnes qui sont en difficulté en proposant des lieux chaleureux, de partage. Même si la mixité ne se décrète pas, on essaye de créer des conditions de rencontre entre des personnes venant pour travailler, écouter un concert et un public qualifié de 'difficile'. Simon Laisney

Le tiers-lieu est un lieu de destination choisie. La démarche pour y accéder est donc différente. C'est un endroit qui a une multitude de destinations qui se superposent et s'entrecroisent. Cette polyvalence fait qu'on resociabilise des lieux qui étaient désertés. Stéphane Vatinel

Ces tiers-lieux sont occupés par des personnes qui ont un imaginaire de la bohème qui s'est construit au XIXème siècle. Mais en même temps cela participe à l'éradication des possibilités de squats de pauvreté. Lorsque l'on voit les offres des marchés publiques, l'objectif est clairement d'éviter l’installation de bidonvilles dans les friches. Saskia Cousin

Sons diffusés en première partie :

  • Extrait du documentaire La Miroiterie : reflets d' art de Elodie Clère et Anaïs Debroize
  • Henri Lefèbvre dans l'émission Métropolitain de François Chaslin sur France Culture le 16/07/2008

Musique entre les deux parties : Jonathan Bree You're so cool  (label : Lil’ Chief)

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DEUXIÈME PARTIE : Portrait de François Bégaudeau

François Bégaudeau est écrivain, critique littéraire et scénariste. En 2006, son troisième roman, Entre les murs, inspiré par son expérience d'enseignant en ZEP au Collège Mozart à Paris, lui vaut de recevoir le Prix France Culture-Télérama et a été adapté au cinéma par Laurent Cantet en 2008. Son dernier roman En guerre est paru le 16 août chez Gallimard dans la collection Verticales. 

Si un roman n'était une illustration d'un certain nombre de lois sociologiques, cela reviendrait à faire un ouvrage de sociologie. Le roman s'impose par la fiction, ici j'invente des destins parfois très improbables. Mais surtout, je pense que le romancier travaille dans la finesse, ce qui le différencie du sociologue qui travaille dans les grands traits. Avec le roman on peut creuser des situations précises, ponctuelles, travailler sur des petits faits sociaux qui sortent des radars de la sociologie commune. 

La littérature ne cesse de déconstruire, de démystifier. La société et les institutions ne cessent quant à elles de produire de la mythologie. Or, selon moi la littérature n'a pas grand chose à voir avec l'institutionnel ou le pouvoir,  il est donc plutôt logique quelle fasse le travail inverse. 

François Bégaudeau en 2008 lors du festival de Cannes
François Bégaudeau en 2008 lors du festival de Cannes
© Getty - Michael Buckner/Getty Images

Sons diffusés en deuxième partie : 

  • Lecture de l'incipit du livre En guerre de François Bégaudeau (ed. Verticales) par Oriane Delacroix
  • Archive INA de Pierre Bourdieu dans l'émission Apostrophe de Bernard Pivot, le 21/12/1972

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