Toni Morrison, la plus rebelle des Nobel, était éprise de liberté et d'écriture. Ses œuvres chantaient la lutte pour la survie autant que la beauté de l'amour, dans un univers mêlant Histoire et mythe, réalisme et merveilleux, fantômes et esclaves. Hommage à cette grande écrivaine américaine.
- Annie-Paule Mielle de Prinsac Docteure en littérature
- Claudine Raynaud professeure émérite d’études américaines à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 et membre d’EMMA
- Brontis Jodorowsky Comédien et metteur en scène
- Christine Laferrière Traductrice
PREMIÈRE PARTIE | Toni Morrison, les fantômes de l'Amérique
avec Christine Laferrière, traductrice, Claudine Raynaud, professeure d'études anglophones à l'université Paul-Valéry (Montpellier-3), et Annie-Paule Mielle de Prinsac, docteure en littérature
"Le pillage systématique du langage peut être repéré là où ses usagers ont tendance à abandonner ses propriétés nuancées, complexes, accoucheuses, et à les remplacer par la menace et l’asservissement. Un langage oppressif fait plus que représenter la violence ; il est une violence en soi ; fait plus que représenter les limites du savoir ; il met des bornes à ce savoir." (Toni Morrison, extrait de son discours de réception du Prix Nobel de littérature)
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La Grande Table se réunit aujourd’hui pour un hommage à l’une des grandes figures de la littérature du siècle et à son oeuvre. Toni Morrison nous a quittés et ses mots résonnent autour de nous, parmi les fantômes, parmi ses fantômes, ceux qu’elle nous a donné à lire et à apprivoiser. "La langue, c’est la paume de la main qui doit tenir le monde", disait-elle. Toni Morrison a tenu la sienne bien serrée, y gardant la mémoire des oubliés de l’histoire américaine. Une paume levée bien haut, jusqu’au premier Nobel de littérature, décerné à une Afro-Américaine. Une paume qui recèle une langue arrachée qu’elle s’est échinée à restituer jusqu’à son dernier son. Toni Morrison a écrit ce que d’autres avaient commencé à chanter. Un passé dont les relents planent encore sur l’Amérique d’aujourd’hui, que son oeuvre continuera sans fin d’exorciser...
"Arriver quelque part où l'on pouvait aimer tout ce que l'on voulait - ne pas avoir besoin d'autorisation pour désirer -, eh bien, ça c'était la liberté." (Toni Morrison, "Beloved", 1987)
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DEUXIÈME PARTIE | Brontis Jodorowsky
avec Brontis Jodorowsky, comédien et metteur en scène
Le gorille est campé là, devant son public, il donne une conférence. Pas n’importe quel gorille, celui que Kafka a capturé dans l’une de ses nouvelles. Un gorille monté très haut - pour ne pas dire parvenu - ayant éprouvé lui-même toutes les conditions. Le voilà qui revient en philosophe, sous les traits de Brontis Jodorowsky, interrogeant le public sur son statut d’Homme.
-"Ce dont le spectacle parle, c'est le renoncement à soi-même pour être accepté par les autres, pour pouvoir s'intégrer. C'est d'ailleurs une chose que nous partageons : dès l'enfance, nous adoptons des comportements pour avoir l'approbation et l'attention de nos parents. Le sujet, c'est le douleur de renoncer à ce que l'on est." (Brontis Jodorowsky)
Le Gorille, du 4 septembre au 3 novembre 2019 au Lucernaire (Paris)
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Sons diffusés :
- Jun Miyake, "Lillies of the valley", extrait de l'album Pina, 2011 (générique)
- Toni Morrison, dans une lecture de "Home" (en anglais), dans PBS NewsHour, le 29 mai 2012
- Lecture d'un extrait de Home de Toni Morrison, 2012, traduction de Christine Lafferrière, 10/18, 2016
- Clair de Lune pour piano (Suite Bergamasque No. 3), de Debussy, interprété par Kun Woo Paik
- Extraits du spectacle Le Gorille avec Brontis Jodorowsky
L'équipe
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- Réalisation