Bernard Lahire : je rêve, donc je suis...

Femme rêvant d'une chute
Femme rêvant d'une chute ©Getty -  Lauren Bates
Femme rêvant d'une chute ©Getty - Lauren Bates
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De quoi parlent nos rêves et que disent-ils de nous? Bernard Lahire, sociologue et professeur à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, publiait "L’interprétation sociologique des rêves (volume 2) : La part rêvée" à La Découverte en janvier 2021. Il est notre invité aujourd'hui.

Avec
  • Bernard Lahire Professeur de sociologie à l’École normale supérieure de Lyon, détaché au CNRS

Face aux nombreuses critiques qui ont suivi le premier tome de cette entreprise, tant du côté de la psychanalyse que de la sociologie, Bernard Lahire s'emploie à prouver qu’il est possible d’interpréter scientifiquement des rêves. Il ne s'agit pas de « construire une population » ou une quelconque « représentativité » des cas étudiés ni d'expliquer les structures sociales par les rêves. L'enjeux est d'abord, à travers une sociologie des rêves, d'explorer les possibles d'une sociologie des soucis ; en outre, nos inquiétudes et nos préoccupations (emploi, scolarité, vie familiale...) hantent nos rêves, lesquels portent en eux la « problématique existentielle » de tout un chacun. 

Il s'agit de comprendre comment se fabrique un rêve et quelle signification il a. C'est une tâche difficile car la sociologie n'était pas du tout prête à ça. (Bernard Lahire)

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Il publie aujourd'hui La Part rêvée. L’interprétation sociologique des rêves, volume 2 (La Découverte, 07/01/2021), le résultat d'une enquête théorique et empirique pour une sociologie des rêves, dans la suite de L'interprétation sociologique des rêves (La Découverte, 2018). Huit personnes, les « rêveurs », lui ont confié leurs rêves en répondant à un protocole, échangeant avec lui au cours de longs entretiens pour cerner leur trajectoire biographique et pour qu'il décrypte leurs rêves comme autant de messages codés porteurs de sens.  

Je ne savais pas quels étaient les problèmes de mes enquêtés et eux mêmes ne savaient pas ce qu'ils découvriraient dans leur rêves. (Bernard Lahire)

On n'est pas les mieux placés pour interpréter ses propres rêves. (Bernard Lahire)

Les rêves de Laura, qui parle de ses sentiments de transfuge de classe et de domination masculine, Clément et son rapport contrarié à l’héritage familial, Solal et l'abandon du père, Gérard qui a été agressé sexuellement par son grand-père lorsqu'il avait 7 ans... Autant de parcours pour tenter de penser le processus de formation du rêve.

S'il y a un moment de la pensée, de l'imagination, qui soit sans censure, c'est bien le rêve. (Bernard Lahire)

Face aux nombreuses critiques qui ont suivi le premier tome de cette entreprise, tant du côté de la psychanalyse que de la sociologie, Bernard Lahire s'emploie à prouver qu’il est possible d’interpréter scientifiquement des rêves. Il ne s'agit pas de « construire une population » ou une quelconque « représentativité » des cas étudié ni d'expliquer les structures sociales par les rêves. L'enjeux est d'abord, à travers une sociologie des rêves, d'explorer les possibles d'une sociologie des soucis ; en outre, nos inquiétudes et nos préoccupations (emploi, scolarité, vie familiale...) hantent nos rêves, lesquels portent en eux la « problématique existentielle » de tout un chacun.  

J'appelle ça une interprétation sociologique car je suis sociologue. Mais ça devrait s'appeler "l'interprétation du point de vue des sciences humaines et sociales" des rêves. (Bernard Lahire)

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