Cannes 6/8 : Rachid Bouchareb s’attaque à l’affaire Oussekine

"Nos frangins" (Rachid Bouchareb, 2022)
"Nos frangins" (Rachid Bouchareb, 2022) - 3b
"Nos frangins" (Rachid Bouchareb, 2022) - 3b
"Nos frangins" (Rachid Bouchareb, 2022) - 3b
Publicité

Retour sur le meurtre de Malik Oussekine et d'Abdel Benyahia, jeunes Français d’origine maghrébine victimes de violences policières en 1986 : Rachid Bouchareb et Samir Guesmi nous parlent du film "Nos frangins" (Cannes Première).

Avec Nos frangins (Cannes Première), on renoue avec notre mémoire collective. Réalisateur d’Indigènes en 2007, Rachid Bouchareb plonge sa caméra dans les silences de l’affaire Malik Oussekine et celle, moins connue, de Abdel Benyahia, deux jeunes Français d’origine maghrébine tués par la police en décembre 1986, à Paris et à Pantin. Il filme leur disparition, l’attente angoissée de la famille, les non-dits des autorités puis la colère, le début d’un combat pour la reconnaissance de ces meurtres et sa récupération politique.

Nos Frangins raconte aussi, images d’archives à l’appui, la France des années 1980, les manifestations estudiantines, les charges de police, la brigade des voltigeurs - interdite depuis-, Charles Pasqua dans l’hémicycle...

Publicité

Pour Samir Guesmi, qui dans le film joue le père d’Abdel, "il s'agissait de ne pas trop ébruiter une seconde affaire Oussekine". Il s'est lui-même intéressé à la question de la filiation dans les films qu'il a réalisés : son court métrage C’est dimanche ! (2008) racontait une histoire d’amour filial. Une première expérience de cinéma couronnée par le Prix du Public au Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand. Quant à son premier long métrage, Ibrahim (2021), coécrit avec Camille Lugan, il reprenait le thème de la filiation en s'inspirant de sa propre histoire.

Rachid Bouchareb dépose lui aussi une part d'expérience personnelle dans Nos frangins. Une expérience collective, pour ceux qui ont dû grandir dans la peur et la révolte impossible : "La grande majorité de nos parents ressemblent à ce profil : pas de vagues, rien, on rase les murs au maximum". Pour Samir Guesmi, le film donne voix à la tristesse et à la colère des pères  : "c'est quoi, un homme qui a perdu un fils, comment réagit-il? J'ai pensé à mon papa, aux pères de cette génération. A quel endroit se passe le moment de révolte?".

Pour clore l'émission, « Réflexion autour des mutations et de l’avenir du cinéma » avec Jean Labadie, producteur et distributeur, fondateur de la société Le Pacte. Il nous parle de l'avenir du cinéma en salle en France.

La Grande Table culture
29 min

Extraits sonores :

  • Extraits de Nos frangins (Rachid Bouchareb, 2022)

L'équipe