

Il voit dans la Cordillère des Andes une métaphore de l’histoire du Chili... Le cinéaste chilien Patricio Guzmán nous parle de son dernier documentaire, "La Cordillère des songes" (en salle le 30 octobre).
- Patricio GUZMAN Cinéaste
Si l'on pouvait traduire ce que disent les pierres, peut-être nous apporteraient-elles les réponses qui nous manquent... Connu pour La Bataille du Chili, trilogie documentaire dont le tournage, en collaboration avec Chris Marker, commença en février 1973 et se prolongea jusqu'au coup d'État militaire au Chili (le 11 septembre 1973), le réalisateur Patricio Guzmán est notre invité aujourd’hui pour La Cordillère des songes (Pyramide Films, 2019), Oeil d'or du meilleur documentaire à Cannes, dernier film d’une trilogie qui, une fois de plus dans son oeuvre cinématographique, se penche sur l’histoire de son pays.
Après s’être notamment intéressé aux ossements du désert d’Atacama et aux femmes des disparus dans Nostalgie de la lumière (2010) puis à la mémoire de l’eau où ont été précipités les prisonniers politiques sous la dictature de Pinochet dans Le Bouton de nacre (2015), il s’intéresse aujourd’hui à la Cordillère des Andes, ces sommets étroitement reliés à l’histoire et au quotidien des habitants autant qu’à son propre passé. Autant de voix de sculpteurs, écrivains, chanteurs ou cinéastes que Patricio Guzmán interroge sur leur expérience de ce paysage, toujours en lien avec leur vécu sous la dictature de Pinochet.
La Cordillère, c'est la frontière, la limite entre deux mondes. C'est aussi une protection qui permet d'être caché du reste du monde.
(Patricio Guzmán)
Lui-même a dû s’exiler après le coup d’Etat de 1973. Incapable de revenir dans son pays, il n’a cessé, depuis lors, d’en révéler les vérités historiques, à contre-courant d’une tendance négationniste qu’il déplore au sein même de la population chilienne, pour dénoncer les tortures, meurtres, arrestations de la dictature.
En même temps, l'accueil favorable qui lui a été réservé lors de la présentation du Bouton de nacre dans son pays en 2015 et le travail des jeunes cinéastes chiliens aujourd’hui le font se questionner : le Chili aurait-il récupéré sa mémoire? Les violences qui y ont cours actuellement suite à la montée du prix des tickets de métro remettent tout du moins ce pays au premier plan de la scène internationale.
C'est la première fois que nous avons un mouvement anonyme sans leader. Après des années de silence, ce peuple se réveille. Mais quand le président envoie les chars contre ce qu'il nomme les "ennemis de l'intérieur", c'est le langage de l'extrême droite, c'est très inquiétant.
(Patricio Guzmán)
Entre réel documentaire, voix subjective et cosmogonie, Patricio Guzmán nous livre aujourd’hui le dernier volet d’une trilogie sur laquelle il travaille depuis dix ans. A découvrir en salle le 30 octobre 2019.
Extraits sonores :
- La Cordillère des songes (Patricio Guzmán, 2019)
- Sebastián Piñera, président du Chili, "La démocratie a l'obligation de se défendre." (20.10.2019)
- Bande-annonce de Nostalgie de la lumière (Patricio Guzmán, 2010)
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