La sociologue Dominique Méda et Christophe Bonneuil, chercheur au CNRS, nous parlent aujourd'hui de "La Société qui vient", un ouvrage collectif sur les diverses crises qui agitent notre siècle. Encyclopédique, ce recueil d'articles combine des analyses mais aussi des pistes de solutions.
- Dominique Méda Professeure de sociologie à Paris-Dauphine, Productrice chez France Culture
- Christophe Bonneuil Historien des sciences, chargé de recherche au CNRS
Écologie, justice, pandémie, égalité, finance, genre … les approches scientifiques que propose La Société qui vient sont aussi nombreuses que les domaines dans lesquels se décline la crise.
Didier Fassin, directeur de l'ouvrage, se propose justement en introduction de sortir de cette "crise" généralisée, pour l'interroger la tête froide : " D’abord, de quelle crise parle‐t‐on ? D’ailleurs, faut‐il utiliser le singulier ou le pluriel ? Et dans le second cas, les phénomènes en cause procèdent‐ils d’une origine commune ou de logiques distinctes ? Ensuite, que signifie ce langage omniprésent de la crise ? Quelles sont ses implications en termes de représentation du monde ? Et quelles actions rend‐il nécessaires ou au contraire peut‐il contrarier ? "
Nos deux invités, Dominique Méda, sociologue, et Christophe Bonneuil, directeur de recherche au CNRS, nous parlerons respectivement des limites de l'anthropocène et des paradoxes de la croissance.
Dominique Méda commence par rappeler que la définition de la crise est plus ambiguë qu'on ne le croit : pas entièrement négative, la crise est d'abord "un moment décisif", un point de bascule dont l'issue peut être heureuse ou malheureuse. La sociologue explique ainsi que "le mot chinois de crise combine les notions de danger et d'opportunité".
Historien des sciences et auteur du chapitre "Terre", Christophe Bonneuil précise lui qu'en termes écologiques, il ne faut pas parler de "crise", mais de "révolution géologique" : "La planète est en train de changer d'état, et la temporalité est autre : ça se compte en milliers d'années. Il ne faut pas être prisonnier du langage habituel de la crise."
Les deux auteurs dénoncent "la faillite de la promesse de la modernité", qui faisait miroiter un affranchissement total de la nature et de ses limites. L'autre promesse défaillante est celle de la croissance, concept "totem" qu'on ne peut remettre en question, et "qui a souvent été associé au progrès, voire assimilé à lui" explique Dominique Méda. Cette croissance est envisagée uniquement comme celle du PIB, mettant en valeur les produits et profits économiques mais laissant pour compte la préservation et le renouvellement des patrimoines non financiers, "comme le patrimoine naturel ou la cohésion sociale."
Extraits sonores :
- Myriam Revault d'Allonnes, France Culture, décembre 2012
- Aurore Lalucq, France Culture, septembre 2017
- Françoise d’Eaubonne, Apostrophe1978
L'équipe
- Production
- Stagiaire
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration
- Stagiaire
- Collaboration
- Collaboration