Pour que les hommes se saisissent du combat pour l'égalité des sexes... Ivan Jablonka, historien et écrivain, nous parle de son dernier essai, "Des hommes justes. Du patriarcat aux nouvelles masculinités" (Seuil, août 2019).
- Ivan Jablonka Écrivain et Professeur à l’université Paris 13.
Non pas parler au nom des femmes, mais examiner la responsabilité des hommes dans les inégalités de genre. Non pas pour que les femmes se remettent en question, mais pour que les hommes s’interrogent sur ce que signifie et sur ce qu’implique le masculin. C’est le propos de Ivan Jablonka, professeur d’histoire à l’université Paris 13, dans son dernier essai : Des hommes justes. Du patriarcat aux nouvelles masculinités (Seuil, 2019), une enquête historique sur les sociétés patriarcales, mais aussi un traité politique pour une nouvelle utopie, celle des masculinités compatibles avec les droits des femmes.
Une fois qu'on diagnostique la fin des hommes, il faut les faire renaître sous les traits d'hommes justes.
(Ivan Jablonka)Publicité
Car, si les hommes ont mené tous les combats pour la liberté et les droits, ils ont omis celui qui mettait à mal leurs privilèges en tant qu’hommes : le combat pour les droits des femmes. Ivan Jablonka nous parle ainsi des masculinités de domination qui, depuis des siècles, s’imposent aux femmes mais aussi aux hommes, soumettant les premières à leur corps et au statut d’objet, obligeant les seconds à être conformes à l’image que l’on se fait de l’homme « viril ».
Pourquoi parler de masculinité toxique ? Parce que les mots sont importants. Naguère, on parlait de crime passionnel… on parle encore parfois de drame intra-familial, alors qu'il s'agit d'un homme qui tue sa femme devant ses enfants. Je suis, en tant qu'historien, favorable à l'emploi du terme féminicide.
(Ivan Jablonka)
Prônant de nouvelles masculinités au service d’une prise de conscience de ces inégalités, il voit également une possibilité de contrer le patriarcat dans les masculinités de dissidence : androgynie, gender fluidity, homosexualité… autant de formes qui contrecarrent un ordre de genre culturel et qui montrent que le féminisme, en fin de compte, est un choix politique. Il revient ainsi aux hommes de poursuivre aujourd’hui le combat mené par des femmes pour défendre leurs droits depuis la révolution française.
Repenser le masculin, c'est aussi repenser l'éducation qu'on donne aux garçons. De quelles masculinités voulons nous ? Il y a une forme d'aliénation masculine de prison du genre qui fait penser aux hommes que le masculin est synonyme de pouvoir, de force.
(Ivan Jablonka)
Mari et père, Ivan Jablonka s’exprime non seulement en tant qu’historien mais aussi en tant qu’homme : s’il dit n’être pas parfait lui-même, il s’efforce tout du moins de lutter contre lui-même. Car, ajoute-t-il, réfléchir à ces questions lui a fait prendre conscience qu’il se trouvait parmi les dominants. Et, en fin de compte, « la dignité du masculin, écrit-il_, provient de la conscience de l’injustice sur laquelle il repose_ » (p411).
Après l'affaire Weinstein et à l'heure où se tient un "Grenelle" des violences conjugales à Matignon, Ivan Jablonka revient sur les définitions et les représentations du masculin autant que du féminin pour que, après les femmes, ce soit au tour des hommes de lutter pour les droits de tous et de toutes.
Extraits sonores :
- Sur le terme "féminicide" (Titiou Lecoq, Le média, 20/04/2018)
- Georges Vigarello présente Histoire de la virilité (2011)
- "Balance ton quoi" (Angèle, Brol, 2018)
- "Vers la tendresse" (Alice Diop, 2016)
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