Coronavirus : la peur est-elle contagieuse ?

Des passagers portant des masques à leur arrivée à l'aéroport de Los Angeles (Etats-Unis), le 22 janvier 2020
Des passagers portant des masques à leur arrivée à l'aéroport de Los Angeles (Etats-Unis), le 22 janvier 2020 ©AFP - Mark RALSTON / AFP
Des passagers portant des masques à leur arrivée à l'aéroport de Los Angeles (Etats-Unis), le 22 janvier 2020 ©AFP - Mark RALSTON / AFP
Des passagers portant des masques à leur arrivée à l'aéroport de Los Angeles (Etats-Unis), le 22 janvier 2020 ©AFP - Mark RALSTON / AFP
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Coronavirus: Comment gérons-nous collectivement cette crise? Comment la Chine procède-t-elle pour faire face à l’épidémie? Rendez-vous avec Frédéric Keck, philosophe et ethnologue.

Avec
  • Frédéric Keck Anthropologue, directeur du Laboratoire d’anthropologie sociale au CNRS

Alors que, jeudi 30 janvier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié l’épidémie de coronavirus 2019-nCov apparue en Chine, dans la ville de Wuhan, "d’urgence de santé publique de portée internationale", près de 200 Français ont été rapatriés pour être réceptionnés à Istres et placés en isolement pendant quatorze jours. Une évolution qui, de jour en jour, provoque une forme de panique nourrie par les fake news

La guerre contre les maladies infectieuses est historique dans l’Empire de Chine.                  
(Frédéric Keck)

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Pour en parler, Frédéric Keck, philosophe et ethnologue, directeur de recherche au CNRS. Après avoir dirigé le département de la recherche et de l'enseignement du musée du quai Branly-Jacques Chirac entre 2014 et 2018, il est aujourd’hui à la tête du Laboratoire d'anthropologie sociale. Parmi ses thèmes de recherche, la biopolitique et la biosécurité, les risques alimentaires et les crises sanitaires ou encore les catastrophes écologiques.

Les Chinois sont très attentifs à ce qui cause les crises. Le passé Pasteurien est peut-être moins ancré, mais l’idée selon laquelle ces maladies viennent des volailles, de chauve-souris, des marchés aux animaux est très présente. Ils sont très attentifs aux changements environnementaux.                  
Frédéric Keck)

Dans un ouvrage publié en 2010 aux éditions Flammarion, Un monde grippé, il traite la grippe comme un fait social. En outre, à partir du savoir des biologistes, il repère les incertitudes sur le comportement des virus de grippe afin de montrer la pluralité des acteurs. La contagion des virus est, dit-il, toujours accompagnée d’une contagion des idées, et le caractère incertain des entités qui circulent en société constitue un véritable défi aux politiques de prévention du XXIe siècle. Surtout, la rumeur et le fantasme participent beaucoup des psychoses qui peuvent s’instaurer lors de la propagation d’un virus. 

L’épidémie met en question le social. Avec la modernité on s’est rendu compte que les épidémies se transmettaient différemment selon les classes sociales. Ce qui est nouveau, c’est que désormais les épidémies se transmettent au niveau mondial (…) On a beaucoup de mal à adapter notre vision sociale de l’épidémie avec celui de notre Monde mondialisé.                  
(Frédéric Keck)

En savoir plus : Ayo, la voix royale
La Grande table
27 min

Extraits sonores: 

  • Extrait du film Contagion (Steven Soderbergh, 2011)
  • Roselyne Bachelot (AFP 25.11.2009)
  • Pascal Boniface 

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