Avec André Markowicz, traducteur et poète, pour "Et si l'Ukraine libérait la Russie ?" (Seuil, 03/06/2022).
- André Markowicz Poète, traducteur
André Markowicz s'est d'abord fait connaître par son immense travail de traduction, que ce soit des œuvres de Fiodor Dostoïevski, d'Anton Tchekhov, d'Alexandre Pouchkine ou encore de William Shakespeare. Il est également auteur, avec quatre livres de poèmes à son actif : Figures (Seuil), Les gens de cendre et L’emportement (Publie-net), Herem (Le Dernier Télégramme) ainsi que quatre autres ouvrages parus aux éditions Inculte : Partages I (chroniques Facebook 2013-2014) et II (chroniques 2014-2015), Ombres de Chine et L’appartement. Depuis 2019, il anime avec François Morvan les éditions Mesures, qui proposent des livres simples et précieux, tirés à 400 exemplaires signés et numérotés.
Il revient aujourd'hui avec un court essai qui propose un éclairage à la fois littéraire et historique sur le devenir de la Russie. Ces analyses, qu'il livrait d'abord sur son blog Facebook depuis 2013, sont autant d'observations minutieuses sur la façon dont les faits ordinaires, et en apparence anodins, révèlent des tendances générales et profondes de la société russe.
Ainsi, selon notre invité, "en Union soviétique, il y a avait peu mais il y avait plus ou moins pour chacun". Avec la perestroïka, " la vie économique a été terrible". S'ajoutait la honte d'Eltsine, de son alcoolisme, sur laquelle Poutine a joué en 1999. André Markovicz met en lumière les aspirations impérialistes de ce dernier, qu'il ne rattache non pas à l'héritage stalinien mais bien plutôt au tsarisme. L'Empire de Nicolas Ier était en effet dirigé selon les trois mêmes principes politiques que Poutine met en œuvre : l'autocratie, l'orthodoxie et le principe national. Il met en avant l'idée selon laquelle les Russes doivent cesser de croire au récit glorificateur sur l'histoire de la Russie et sur sa destinée héroïque, au moyen duquel le régime de Poutine dissimule, depuis des décennies, la réalité des crimes qu'il commet.
André Markovicz revient en outre sur les effets de la propagande russe. Si la majorité de ses amis "sont parfaitement conscients de l'horreur de ce qui se passe", il souligne que "le nationalisme est une joie immanente. (...) On souffre mais on a raison. Et on parle du "nous". Dès qu'on leur montre que ce n'est pas comme ça, ce qui se casse en eux, c'est la foi, la joie." Il faut que, par le choc provoqué par la défaite des Russes ou tout du moins par les sanctions imposées à l'économie russe, les choses changent à l'intérieur même de la Russie.
Il y a "une rupture ontologique en Russie avec cette guerre" affirme notre invité : le pays qui se proclamait comme le seul vainqueur du nazisme tient vis à vis des Ukrainiens le discours que tenaient les troupes allemandes vis à vis des populations occupées.
Extraits sonores :
- Artem, France Culture, Les Pieds sur Terre, 19 avril 2022
- Isabelle Huppert, extrait de La Cerisaie de Anton Tchekhov, Tiago Rodrigues, 2021
- Anna Politkovskaïa, France Culture, "Pot au feu", 2003
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