Gaël Giraud et les économies à venir

Rassemblement du 16 août 2019 à Marikana (Afrique du Sud) pour commémorer le massacre  de 34 mineurs par la police en 2012
Rassemblement du 16 août 2019 à Marikana (Afrique du Sud) pour commémorer le massacre  de 34 mineurs par la police en 2012 ©AFP - GULSHAN KHAN / AFP
Rassemblement du 16 août 2019 à Marikana (Afrique du Sud) pour commémorer le massacre de 34 mineurs par la police en 2012 ©AFP - GULSHAN KHAN / AFP
Rassemblement du 16 août 2019 à Marikana (Afrique du Sud) pour commémorer le massacre de 34 mineurs par la police en 2012 ©AFP - GULSHAN KHAN / AFP
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L'économiste Gaël Giraud, ancien chef économiste de l'Agence française de développement, réfléchit avec l'économiste Felwin Sarr à une autre manière de penser leur discipline en dialogue avec d'autres sciences dans "L’économie à venir" (Les liens qui libèrent, 2021). Il est notre invité aujourd'hui.

Avec
  • Gaël Giraud Directeur du programme justice environnementale de Georgetown University, directeur de recherche au CNRS, ancien chef économiste de l'AFD et enseignant à l'école Polytechnique

Gaël Giraud est jésuite, économiste, directeur de recherche au CNRS et directeur du Georgetown Environmental Justice Program à l’université de Georgetown. Il a également été économiste en chef de l’Agence Française de Développement. Après des livres phares comme Vingt Propositions pour réformer le capitalisme (Flammarion, 2009) et Illusion financière (Éditions de l’Atelier, 2014), il publie avec Felwine Sarr L’économie à venir (Les liens qui libèrent, avril 2021). Felwin Sarr, par ailleurs auteur de Afrotopia (Philippe Rey, 2016), participe du décentrement de la discipline mis en avant dans ce livre commun.

Les premières victimes des crises écologiques qui sont déjà engagées sont les plus pauvres d'entre nous - les pays les plus pauvres et, à l'intérieur de chaque pays, les populations les plus déshéritées et les moins protégées - alors que ce sont les moins responsables des dégradations écologiques que nous perpétrons aujourd'hui sur les écosystèmes qui nous entourent. Il y a une injustice flagrante. (Gaël Giraud)

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Préfacé par Alain Supiot, l'ouvrage est un entretien entre Gaël Giraud et Felwin Sarr mené à l’ Institut des études avancées de Nantes, en juin 2019, et dont les circonstances sanitaires ont retardé la publication. En janvier 2021, les deux auteurs ont brièvement repris leur discussion pour la réactualiser (ou la confirmer) au terme d’une année de pandémie. Le livre revient sur plusieurs thèmes, entre économie, religion, philosophie ou encore écologie.

Je crois que, malheureusement, une bonne partie de mes collègues et sans doute aussi moi même en partie, nous sommes pris par des constructions théoriques qui n'ont plus grand chose à voir avec le réel. (Gaël Giraud)

C'est ça les quatre grands piliers de ce qu'il faut mettre en avant à la place du PIB :  l'espérance de vie en bonne santé, l'éducation, certains types d'inégalité et l'empreinte écologique. On sait construire ces indicateurs aujourd'hui, la grande difficulté est politique ; c'est d'accepter de changer de paradigme. (Gaël Giraud)

En vérité, les économistes ne savent pas pourquoi le PIB monte ou baisse. Après coup, ils vous racontent beaucoup d'histoires. C'est quelque chose qu'on ne maîtrise pas, une espèce d'objet magique. (...) Tout ça est complètement arbitraire et destiné à maintenir un ordre social extrêmement violent et moralisant où on culpabilise les plus pauvres. (Gaël Giraud)

Très prégnant dans l'ouvrage et cher à Gaël Giraud, au point d'en avoir fait le coeur de sa thèse (“Composer un monde en commun. Une “théologie politique de l’anthropocène””), le thème des communs, en lien avec la relation à l'Autre et au monde. Il propose notamment de puiser des ressources spirituelles dans les grandes religions, et notamment dans le christianisme, dont le partage des ressources est un constituant primordial. 

La santé ne doit pas être privatisée et doit devenir un commun. (Gaël Giraud)

Pour aller plus loin, nous les recevions à La Grande table :

La Grande table culture
28 min

Extraits sonores :

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