Jacques Lévy : quelle humanité pour quel futur ?

Jacques Lévy est directeur de la chaire « Intelligence spatiale » de l’Université polytechnique Hauts-de-France et membre du rhizome de recherche Chôros. Il a reçu en 2018 le prix international Vautrin-Lud, que l'on considère comme la plus haute distinction dans le domaine de la géographie. 

Auteur de plusieurs ouvrages, dont, avec Jean-Nicolas Fauchille et Ana Póvoas, Théorie de la justice spatiale. Géographies du juste et de l’injuste (Odile Jacob, 2018), et de l'ouvrage LePays des Européens(Odile Jacob, 2019) avec Sylvain Kahn, il publiait en février 2021, toujours chez Odile Jacob, L'Humanité : un commencement. Le tournant-éthique de la société-Monde. Un livre qui selon lui peut-être considéré, sous un certain angle, comme un « manifeste progressiste ». Il y explore une nouvelle manière de faire société qui tend à modifier profondément l’existant dans tous les domaines.

Grande idée du livre, l'émergence d’une société-Monde d’individus qui caractérise le moment actuel et qui s’accompagne selon lui d’un tournant éthique indissociable. La mondialisation produit en effet un univers commun à tous les humains et cette convergence change l’élaboration des règles de vie en société.

La mondialisation a commencé quand les humains se sont dispersés sur la planète il y a au moins 100 mille ans, parce qu'ils ont créé une multitude de lieux. Le tourisme, par exemple, est une industrie de l'ailleurs qui suppose une diversité des lieux. (Jacques Lévy)

En outre, ce que l'auteur nomme le “tournant éthique” correspond au moment à partir duquel le processus éthique prend le pas sur l'ordre moral, deux modes d’organisation de la société qui se succèdent l’un à l’autre et qui entrent en conflit, et dont on a pu distinguer la frontière avec la pandémie : frontière entre une action morale de l'ordre de l'obéissance et une action relevant d'une éthique des valeurs où le geste est volontaire. En outre, l'auteur se penche sur “L’éthique de la responsabilité temporelle”, dans l'idée que notre responsabilité prend tout son sens lorsque nous considérons les effets en chaîne de notre action sur les états à venir de la société.

Ce qui est intéressant pour un chercheur, c’est de faire se rencontrer des mondes qui ne communiquent pas. (Jacques Lévy)

Une manière de penser notamment au rôle du chercheur et de l'individu qui constituent la société : le travail prospectif du premier ne doit ainsi pas mettre en cause l’autonomie des acteurs à décider du futur. La confiance est ainsi donnée à la parole des individus ordinaires et à leur capacité de réflexivité. 

En tant que checheurs, c’est d’abord contre nous-mêmes qu’on doit appliquer notre esprit critique. (Jacques Lévy)

Ceux qui pensent que le monde peut être transformé dans un sens meilleurs peuvent utiliser ce que j’ai écrit. (Jacques Lévy)

Extraits sonores : 

• Gilles Deleuze à Vincennes, 1980, ""Je" et le pronom personnel"
• Etienne Klein sur le rôle du chercheur (LCI, 5 août 2020)