L'Europe traverse-t-elle aujourd'hui une crise de la démocratie ? Quelles alternatives pour refonder un nouveau modèle de développement européen durable ? Avec Anne-Laure Delatte et Antoine Vauchez, signataires du "Manifeste pour la démocratisation de l'Europe".
- Antoine Vauchez Politiste, directeur de recherche au CNRS au Centre européen de sociologie et science politique de l’Université Paris 1
- Anne-Laure Delatte Économiste, chercheuse au CNRS, membre du laboratoire LEDa de l'université Paris-Dauphine, spécialiste de la finance, des paradis fiscaux et de la zone euro
La solution à la crise politique française passera-t-elle par Bruxelles ? L'Europe peut-elle être la solution aux problèmes de l'Europe à l'heure du Brexit, des populismes et du sentiment antieuropéen ? La crise des Gilets jaunes ne s'explique-t-elle pas aussi par la nature des institutions européennes ?
Pour les auteurs du Manifeste pour la démocratisation de l’Europe, lancé par l'économiste Thomas Piketty, la réponse passe d’abord par une transformation en profondeur des institutions de l’Union.
Deux de ses contributeurs, l'économiste Anne-Laure Delatte, directrice adjointe du CEPII, responsable du programme de recherche Macroéconomie et finance internationales et le politiste Antoine Vauchez, directeur de recherche au CNRS, membre du Centre européen de sociologie et de science politique (Université Paris 1 - EHESS) nous parlent de ce projet à l'heure du mouvement des Gilets jaunes :
Une partie de la crise actuelle et notamment des mobilisations et des slogans qui tournent autour des Gilets jaunes, autour du pouvoir d'achat, autour de la question de l'injustice fiscale, autour de la question de l'investissement dans les services publics... Une partie de la réponse à ces questions n'est pas simplement française. Une partie, je dirais des boîtes noires de cette crise française, ne sont pas simplement à Paris mais elles sont aussi à Francfort, elles sont aussi à Bruxelles. Antoine Vauchez
Malheureusement, l'Europe est une partie du problème. On a besoin d'une nouvelle Europe ou en tout cas une Europe qui remplit le contrat qu'on lui a donné au départ qui était un contrat politique et non pas uniquement économique. Si on a créé l'Union européenne et si on a un moment créé la monnaie unique, la motivation au départ était politique. Il faut retrouver cette motivation-là. Anne-Laure Delatte
Quels constats et quelles solutions proposées dans ce Manifeste ? Faut-il voir en l'Europe une solution aux crises européennes ? Revaloriser le multilatéralisme ? Repenser l'appareil budgétaire européen ?
Une partie de notre proposition est d'essayer justement de mettre de la politique au niveau transnational. Quelque part entre ce statu quo bruxellois et cette tentation d'un replis défensif national. On le voit même dans la manière dont Emmanuel Macron a cherché à cadrer cette grande concertation nationale, pas du tout comme un enjeu européen, mais comme un enjeu éventuellement même d'identité nationale. Antoine Vauchez
Le budget aujourd'hui, il est basé sur une contribution nationale de chaque Etat. C'est-à-dire qu'on ponctionne dans les revenus de chaque Etat pour donner à l'Europe. C'est exactement le contraire des ressources propres qu'on essaye de lever où on lèverait ensemble un impôt en commun. Qu'est-ce que ça change ? Ça change que quand vous ponctionnez sur mon revenu, je vais avoir le réflexe de vérifier qu'est-ce que j'y gagne. Chaque Etat aujourd'hui, dans la négociation intergouvernementale, qui est extrêmement compliquée, qui est très dure, a le réflexe de dire : "Moi, j'ai contribué de tant et finalement je n'ai pas bénéficié assez" Et le Brexit, c'est le résultat notamment de ces négociations intergouvernementales où on n'a pas un intérêt transnational qui émerge. Anne-Laure Delatte
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