
Elles nous proposent une série de portraits sociologiques pour montrer comment la crise sanitaire a frappé les plus fragiles... Anne Lambert et Joanie Cayouette-Remblière, sociologues à l’Institut national d’études démographiques (Ined), sont nos invitées.
Joanie Cayouette-Remblière (sociologue à l'INED), Anne Lambert (Sociologue, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (Ined) et directrice de l’unité de recherche Logement, Inégalités Spatiales et Trajectoires.).
Anne Lambert et Joanie Cayouette-Remblière sont sociologues à l’Institut national d’études démographiques (Ined), codirectrices de l’unité de recherche List (Logement, inégalités spatiales et trajectoires) et co-responsables de l’enquête Coconel « Logement et Conditions de vie ».
Elles co-dirigent l'ouvrage né de cette enquête : L’explosion des inégalités. Classes, genre et générations face à la crise sanitaire (Collection "Monde en cours", éditions de l'Aube, mars 2021). Préfacée par Dominique Méda, cette étude engagée à peine deux semaines après l’entrée en confinement généralisé vise à analyser de quelle manière cet événement a bouleversé le cours des vies ordinaires en France.
Le surcroît de travail domestique et parental a été nettement plus souvent absorbé par les femmes. (Anne Lambert)
La crise délégitime un peu l’expression d’une contestation féminine : il faut y aller, il faut y mettre du sien, etc... (Anne Lambert)
Stéphane, salarié d’une association culturelle à Vierzon ; Rosa, caissière dans l’Isère, mariée et mère de trois enfants ; Cyril, cadre dans la gendarmerie, et son épouse Stéphanie (« épouse de militaire ») ... Les enquêtés sont des personnes que les enquêteurs ont déjà rencontrées auparavant. Une manière, par comparaison avec l'avant crise et pendant celle-ci, d'analyser les changements intervenus dans le temps long en matière de logement, d’emploi, de couple et de vie familiale, de rapport à l’avenir.
L’isolement dans le logement a créé des situations parfois nouvelles : les familles en général ne vivent pas dans leur logement 24h sur 24. (Joanie Cayouette-Remblière)
Selon cette enquête, la crise sanitaire a non seulement révélé les inégalités sociales, mais les a aussi exacerbées: baisse de revenus, perte d’emploi, crainte d’éprouver des difficultés à payer son logement, etc. les inégalités se sont creusées entre classes sociales, entre femmes et hommes et entre générations. Parmi les principaux concernés figurent les femmes ― souvent contraintes de gérer à elles seules la vie domestique du ménage ― et les jeunes de 18 à 24 ans, qui font face à de grandes difficultés sur le marché de l'emploi et qui perdent espoir en l'avenir. Ces populations vulnérables révèlent en outre que les inégalités, exacerbées par la pandémie et le confinement, existaient déjà auparavant. L'enquête vise ainsi à évaluer le temps long et les problèmes structurels d'un Etat qui ne remplit pas nécessairement les promesses de l'Etat providence.
Une autre forme d’inégalités qui nous a surprises [...] est celle liée aux générations : les jeunes forment aujourd'hui une génération qui a des statuts d'emploi et de logement moins protecteurs que les autres classes d’âge. (Joanie Cayouette-Remblière)
Extraits sonores :
- UN PRINTEMPS AU TEMPS DU CONFINEMENT (4 ÉPISODES); "Épisode 2 : Travailleurs déconfinés" (France Culture, La Série documentaire, 25/08/2020)
- C A VOUS - "Sébastien Soules était baryton pendant 23 ans. Avec la crise sanitaire et la fermeture des salles de spectacle, il a dû trouver un autre emploi : livreur de repas"; un reportage de Tancrède Bonora et Stephen Chattour, 25 mars 2021
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