Avec Laurent Pernot, professeur de langue et littérature grecques à l’université de Strasbourg et membre de l’Institut de France (Académie des inscriptions et belles-lettres), pour "La fièvre des urnes" (L'Observatoire, mars 2022).
Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle de 2022, rendez-vous avec notre invité : Laurent Pernot, docteur d’État de l’université Paris-Sorbonne, professeur de langue et littérature grecques à l’université de Strasbourg et membre de l’Institut de France. Il publie La fièvre des urnes. 2 500 ans de passions électorales (L’Observatoire, mars 2022), une analyse des nuances de la psychologie électorale, tant chez les électeurs que chez les candidats, du coup d’envoi de la campagne jusqu'aux résultats.
Les passions s’apparentent en effet à une forme de refoulé, ou du moins sont-elles un sujet qui dérange pour qui veut voir dans les élections un phénomène relié à la raison et aux choix éclairé. Même dans l'abstention, les émotions parlent plus qu'elles ne disparaissent. Laurent Pernot propose ainsi une enquête sur deux millénaires reliant les sources, de l’Antiquité grecque à aujourd'hui, d’Aristote à Pierre Rosanvallon, en passant par Cicéron et Shakespeare.
Les passions qui animent le monde politique sont de deux types. Il y a des passions liées au désir, "le désir de posséder des biens et de pouvoir sur les autres" et des passions liées à la frustration qui regroupent "la colère, le désespoir ou le découragement." Pour Laurent Pernot, "beaucoup d'abstentionnistes entrent dans la seconde catégorie. Contrairement à ce que l'on pourrait croire "l'abstentionniste n'est pas apathique".
Une campagne électorale est avant tout une affaire de mots plus que d’actes. Le rôle de la rhétorique est ainsi primordial. C'est ce que souligne Aristote dans son livre La Rhétorique lorsqu'il explique que persuader c'est s'adresser davantage aux affects qu'à l'intelligence pure de son interlocuteur. En effet, Laurent Pernot affirme qu'il faut réinjecter de la philosophie dans la politique, car, dit-il :" elle met en jeu la pâte humaine."
Si les passions sont méprisées en politique, elles ont pourtant de bons côtés, elles sont même très utiles. L'élection, évènement collectif, permet d'assouvir les passions tout en les sublimant car au final, le résultat s’impose à tous. Les grecs parlaient en cela de "katharsis, de purification".
Extraits sonores :
- Chantal Mouffe, France Culture, 2018
- Jean Garrigues, émission Le cours de l'histoire, France Culture, 2021
- François Hourmant, émission La Grande Table des idées, France Culture, 2021
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