Idéalisées comme l'apogée de la félicité annuelle, les Fêtes de fin d'année sont l'occasion de revenir sur le bonheur avec la philosophe Marianne Chaillan et son essai "Où donc est le bonheur ?" (2021, Equateurs). Lorsque le bonheur devient la norme, sommes nous condamnés à être malheureux ?
- Marianne Chaillan Professeure de philosophie en lycée à Marseille et écrivaine d’essais de « pop philosophie »
Chaque année, les acteurs de la culture pop rivalisent d'injonctions au bonheur, dont on peut trouver l'apogée durant la période des fêtes de fin d'année. Un moment pour se retrouver en famille, s'offrir des cadeaux, partager un repas convivial, ou échanger des souvenirs autour d'un verre de vin et d'une assiette de saumon fumé.
Pourtant, c'est aussi une période angoissante : tensions familiales, fête commerciale, et, surtout, obligation à être heureux et à passer de bonnes fêtes qu'on soit seul, mal accompagné ou déprimé ! Comme l'explique notre invitée, la professeure de philosophie Marianne Chaillan, "dans cette période de fête, on a une image qui nous est offerte à laquelle on doit coller - une famille pleine, riante, non souffrante - et, de l'autre, notre réalité tissée de deuil et de souffrance. Cette période avec un impératif au bonheur défini nous rend malheureux."
Cette période cristallise le rapport de toute notre société au bonheur : un indispensable idéalisé qu'on a autant de mal à définir qu'à trouver : "A_vouer qu'on ne se réjouit pas serait une forme d'aveu d'échec._ La tyrannie du bonheur__, c'est l'idée qu'il faut être heureux et que toute personne guère heureuse aurait raté quelque chose. (...) On se rend compte que l'illusion du bonheur n'est pas celle de son existence mais de sa définition," précise Marianne Chaillan.
La philosophie s'est penchée sur la question très tôt. Avec Marianne Chaillan, spécialiste de pop culture, et son essai Où donc est le bonheur ? (2021, Equateurs), nous revenons sur cette notion du bonheur. Et si à trop chercher le bonheur on risquait de trouver le malheur ?
Loin d'un idéal absolu naïf et dangereux, les philosophes nous apprennent à trouver le bonheur en acceptant la vie telle qu'elle est : pour le temps qu'elle dure, et pour les évènements tant heureux que malheureux qu'elle peut inclure. Ainsi, "le bonheur n'est pas dans une plénitude mais dans l'acceptation, et même l'amour, que je porterai à ma vie quel qu'en soit le contenu aussi bien dans sa dimension positive que négative. (...) Dans Le Gai Savoir_, quand Nietzsche exprime sa pensée la plus chère, il dit : "je voudrais toujours apprendre à aimer la nécessité, cet_ amor fati_, je veux en n'importe quelle circonstance n'être rien d'autre qu'un homme qui dit oui." C'est un défi pour nous. L'homme heureux est celui qui se retourne sur 2021 et qui dit un grand "oui" à l'année."_ nous explique Marianne Chaillan.
Extraits sonores :
- Extrait, Le Père Noël est une ordure, 1982
- Extrait de l'épisode "Instagram", mini-série Dopamine, Arte TV, disponible jusqu'au 22.07.2022
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