Le drame libanais : "Des citoyens empêchés dans un État inachevé"

La destruction du port de Beyrouth après l'explosion du 4 août 2020
La destruction du port de Beyrouth après l'explosion du 4 août 2020 ©Getty -  Nabeel Yakzan / EyeEm
La destruction du port de Beyrouth après l'explosion du 4 août 2020 ©Getty - Nabeel Yakzan / EyeEm
La destruction du port de Beyrouth après l'explosion du 4 août 2020 ©Getty - Nabeel Yakzan / EyeEm
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Le Liban, un Etat inachevé ? Le magistrat à la Cour pénale internationale et ancien représentant du Liban aux Nations Unis, Nawaf Salam, auteur de "Le Liban d'hier à demain" (Actes Sud, 2021), est notre invité.

Avec
  • Nawaf Salam

Le Liban connaît aujourd'hui une crise économique, sociale et politique sans précédent. Alors que près de 75% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, que l'inflation a atteint 120% en 2020, aucun gouvernement n'a été formé depuis l'annonce de la démission de Saad Hariri à la suite de l'explosion du 4 août à Beyrouth. Signe d'un malaise bien plus profond pour le diplomate Nawaf Salam, cette crise rend aujourd'hui plus que jamais nécessaire de repenser l'Etat au Liban. Docteur en sciences politiques, en histoire, longtemps enseignant, avocat mais aussi diplomate, représentant du Liban aux Nations Unis, Nawaf Salam, un temps pressenti pour succéder à Saad Hariri au poste de Premier Ministre, est magistrat à la Cour pénale internationale de La Haye. 

Dans son dernier ouvrage, " Le Liban d'hier à demain" (Actes Sud, 2021), Nawaf Salam revient sur la genèse de la construction de l'Etat du Liban. De la guerre civile qui divisa les communautés entre 1975 et 1990 aux Accords de Taëf qui entérinent un système politique pluriconfessionnel, Nawaf Salam pose le diagnostic d'un Etat inachevé, miné par les influences communautaires, la corruption et la violation de l'Etat de droit. 

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La paix civile aujourd'hui dans le pays repose toujours sur Taëf. Il ne s'agit pas de l'envoyer balader mais de le remettre sur les rails et de penser à combler ses lacunes, ses failles, ses disfonctionnements, que le recul des 20-25 dernières années a permis de voir. (Nawaf Salam)

Cette histoire du Liban, c'est aussi l'importance structurelle qu'ont toujours revêtu les relations internationales dans sa construction. Du protectorat français aux soutiens des Etats voisins aux différentes communautés qui composent la représentation politique au Liban, les influences étrangères jouent un rôle particulier dans la construction de l'identité libanaise. 

Sortir du système confessionnel et donner droit à une véritable citoyenneté libanaise hors des communautés en réformant profondément la structure institutionnelle du pays, c'est la réflexion que mène Nawaf Salam. Il appelle à la fondation d'une "troisième République" libanaise alliant la prise en compte d'une réalité historique et l'exigence de l'émergence d'un véritable Etat de droit, autonome et indépendant, pour sortir de la crise. 

Ce que j'appelle la "troisième République", c'est une république qui devrait être fondée sur la raison des institutions. (Nawaf Salam)

La Grande table culture
27 min

Extraits sonores : 

  • Georges Corm, politologue et historien libanais - soir 3 – 05/11/89
  • Jean-Yves le Drian, 11 mars 2021

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