Avec Françoise Vergès, présidente de l’association « Décoloniser les arts », pour "Un féminisme décolonial" (La fabrique, 2019).
- Françoise Vergès historienne et politologue
Nous sommes le 8 mars 2019 et la justice pour les femmes signifie la justice pour tous. Par exemple, pour ces femmes de ménage en lutte, en janvier 2018, pour leurs droits à un travail digne et dignement rémunéré. Que poursuivrait un féminisme qui ne chercherait pas à transformer le monde en profondeur et à lutter contre tous les rapports de domination ? Dans son dernier livre, c'est à un sursaut d'histoire et à un combat multidimensionnel que Françoise Vergès appelle. Un féminisme décolonial ne décrit pas une nouvelle vague ou génération de militantes, mais plutôt "la poursuite des luttes des femmes du Sud Global".
La fondatrice et présidente du mouvement "Décoloniser les arts" appelle à redonner du sens à la notion de féminisme, face à une généralisation qui aurait tendance à la vider de son contenu.
Aujourd'hui, tout le monde peut se dire féministe. Même les mouvements d'extrême-droite. Je me suis dit qu'il fallait redonner au féminisme le sens qu'il a pu avoir ailleurs.
François Vergès définit aussi une autre notion qui figure au titre de son ouvrage, celle de "décolonial" :
La colonialité, c'est celle qui décide qu'il y a une manière d'être : une manière d'être humain, une manière d'être citoyen, une manière d'être une femme, une manière d'être un homme. Être décolonial, c'est s'attaquer à cette colonialité.
Un féminisme décolonial s'ouvre sur la mention de la grève des salariées de nettoyage de la gare du Nord à Paris. Pour François Vergès, il était important d'ancrer sa réflexion au niveau du droit du travail.
Sans le travail de ces femmes chaque matin, le monde ne fonctionnerait pas. Leur vie est exemplaire pour comprendre la convergence entre différentes dominations.
En partant de cet enracinement, Françoise Vergès appelle à penser ensemble féminisme et décolonialisme, le colonialisme étant encore aujourd'hui omniprésent dans la société française :
Comment imaginer que plus de cinq siècles d’histoire coloniale n’aient pas affecté la société française dans ses profondeurs ? La France s’est construite sur cette image d’empire colonial.
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