La propagande et la manipulation médiatique que nous connaissons aujourd'hui ne datent pas d'hier : Karl Kraus les avait déjà pressenties en son temps. On en parle avec Jacques Bouveresse, philosophe, auteur de "Les premiers jours de l’inhumanité" (Hors-d'atteinte, mars 2019).
- Jacques Bouveresse Professeur honoraire au Collège de France, chaire de Philosophie du langage et de la connaissance (1995-2010), il a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance, mais aussi sur des écrivains comme Musil et Kraus.
Jacques Bouveresse est philosophe et professeur honoraire au Collège de France (dont il occupait la chaire « Philosophie du langage et de la connaissance » jusqu’en 2010).
Dans Les Premiers Jours de l’inhumanité (Hors d’atteinte, 2019), il place l'importance accordée au langage, la vigilance vis-à-vis des médias ou le rôle prophétique de la satire au cœur d’une réflexion qui décortique les mécanismes de propagande et qui interroge ce « retour des années 1930 », objet de plusieurs livres ces temps-ci. Avec, en filigrane, la question de savoir comment meurent les démocraties.
On est revenu à ce genre d'attitude qui consiste à placer la patrie au-dessus de l’humanité, [à recourir] à l'attrait de ce que Karl Kraus nommait "le mensonge patriotique". (Jacques Bouveresse)
Ce livre est le troisième qu'il consacre à Karl Kraus, auteur notamment de Les derniers Jours de l’humanité (Marseille, Agone, 2003). Satiriste, journaliste, conférencier et écrivain autrichien, Karl Kraus est une figure incontournable de la vie intellectuelle viennoise du premier tiers du XXème siècle.
Hitler a réussi une performance : rendre idiote une bonne partie du monde intellectuel, les faire consentir au sacrifice de l’intellect. (Jacques Bouveresse)
Face à la diffusion du faux par les médias, la montée du péril autoritaire, l’apocalypse climatique qui vient, Jacques Bouveresse, comme Karl Kraus à son époque, évoque le retour du réflexe autoritaire et la faiblesse des démocraties.
Je pense que je suis, avec Badiou, à peu près le seul à avoir pris ouvertement la défense de la vérité objective.
(Jacques Bouveresse)
Entre manipulation des émotions au profit des mensonges autoritaristes, corruption du langage et corruption morale, abondance des phrases creuses et impuissance de l’intellectuel face à certaines réalités, un retour très contemporain sur l'oeuvre de Karl Kraus.
Extraits sonores :
- Karl Kraus (Archive INA, 1930, Une vie, une œuvre, France Culture, 10/11/2005)
- Michael Foessel (France culture, Les Matins, 01/04/2019)
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