Quelles leçons tirer de ce premier tour des législatives ? Au lendemain du premier tour des législatives, rendez-vous avec le magistrat honoraire à la Cour des comptes Jean Picq.
- Jean Picq Président de la troisième chambre de la Cour des comptes
Si en ce lendemain de premier tour des législatives, la NUPES se place en tête avec 26.10% des votes, elle est talonnée par le parti présidentiel Ensemble 25.81%. C'est donc un équilibre nouveau qui pourrait se dessiner aussi fortement influencé par le fort taux d'abstention : il nous faut "constater que 47.5% de français ont voté [lors du premier tour des législatives. Or, avant 2002 qui marque une coïncidence entre les élections présidentielle et législative, le taux était de 70%" note Jean Picq.
Professeur associé à Science-Po Paris (Histoire et droits des États en Europe), auteur d’un rapport sur la réforme de l’État en 1994 et magistrat honoraire de la Cour des comptes, Jean Picq a publié en février 2021 aux Presses de Sciences PO La République : La force d'une idée. Dans cet ouvrage, il analyse l'écriture sur le temps long de la République et se penche plus spécifiquement sur la formation de notre régime, de ses structures mais aussi des failles qu'elle porte.
Jean Picq propose de revenir sur le quinquennat qui aligne élections présidentielle et législative. La concentration des pouvoirs agit en défaveur du jeu républicain. Il faudrait alors introduire davantage de proportionnelle et changer le rythme des élections pour redynamiser la République. Pour lui, il faut "rétablir le septennat qui est dans l'ADN de la République (...). Le président élu pour 7 ans doit en effet intégrer le fait qu'il puisse perdre sa majorité". Un septennat non renouvelable serait pour Jean Picq une alternative républicaine à privilégier.
Quand on l'interroge sur la désignation du Premier ministre par le président de la République, enjeu de taille pour ce "troisième tour", il nous répond : "dans les textes, c'est très clair : le gouvernement ne saurait procéder du parlement. François Mitterrand avait dit clairement que personne ne nommerait le Premier ministre à sa place". Emmanuel Macron peut-il alors désigner Jean-Luc Mélenchon si la NUPES devenait majoritaire à l'Assemblée ? Sans véritablement se prononcer, Jean Picq remarque que la "majorité relative reste commode pour le président de la République, mais pour ceux d’une autre famille politique, il y a la sensation de pas être représenté. Pour nos institutions, ce n’est pas une bonne chose". Quels que soient les résultats du second tour des législatives dimanche 19 juin, la situation politique devrait connaître une mutation, car, comme le rappelle notre invité, "Emmanuel Macron s’était engagé sur la proportionnelle, et va donc devoir tenir cet engagement dans son deuxième mandat".
Extraits sonores :
- Allocution du président de la République François Mitterrand en 1986, ORTF
- Allocution du Général de Gaulle sur la Ve République en 1958, ORTF
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