Les passions, moteur de l'action sociale ?

Gloria Origgi est philosophe et directrice de recherche au CNRS. Elle s’intéresse à la philosophie et à l’épistémologie sociale comme à l’impact des nouvelles technologies sur la formation du savoir. Elle est l’auteure de Qu’est-ce que la confiance ? (Vrin, 2008) et La réputation : qui dit quoi de qui (PUF, 2015).

Elle a dirigé aux Presses Universitaires de France Passions Sociales, un dictionnaire qui livre une réflexion sur la place laissée par les sciences sociales à la question des passions, laquelle est riche d'une véritable histoire, de Descartes à la Psychologie des foules de Gustave le Bon. 

Les mouvements sociaux organisent des passions. Les partis politiques organisent des croyances.        
(Gloria Origgi)

Plutôt qu'une théorie générale des passions, cet ouvrage se présente comme un catalogue, un dictionnaire dressant l’histoire de l’analyse des passions. Celles-ci étant devenues des moteurs de l’action sociale, le terme demande un effort de définition : certains, comme le philosophe et économiste Frédéric Lordon, préfèrent parler d’"affect", d’autres, comme le politiste Loïc Blondiaux ou la sociologue Eva Illouz, insistent sur les émotions, tandis que les historiens Hervé Mazurel, Quentin Deluermoz et Clémentine Vidal Naquet ont créé la revue Sensibilités. 

En quoi, finalement, les sciences sociales peuvent-elles nous permettre de comprendre ce que l’on saisit immédiatement :  la colère, l’humiliation, l’indignation ? A quel moment les passions cessent-elles d’être individuelles pour devenir sociales ? Que signifie s’inscrire dans une philosophie critique de la société ?

Extraits sonores : 

• La colère des gilets jaunes (24/11/2018)
• François Dubet (France Culture, Les Matins, 12/12/2018)
• Loïc Blondiaux (Questions politiques, 16/04/2017)
• Kendrick Lamar, "Pride" (Damn, 2017)
• Hervé Mazurel (France Culture, La Grande table, 28/12/2018)