François Héran, sociologue, anthropologue et professeur au Collège de France, vient d'être nommé en janvier à la présidence du conseil d’orientation du Musée national de l’histoire de l’immigration. Pour lui, il ne faut pas être "pour ou contre" l'immigration, mais "faire avec".
- François Héran Sociologue et professeur au collège de France
A l'heure où Emmanuel Macron s'apprête à dévoiler son plan contre la radicalisation et parle de "séparatisme islamiste" à Mulhouse, François Héran, titulaire de la chaire Migrations et société au Collège de France, nous rappelle la différence entre communautarisme et séparatisme. Le communautarisme est un "indicateur très flou" qui se penche notamment sur les mariages au sein d'une communauté ou l'accueil de migrants par leur diaspora : elle semble, de fait, exister partout comme un phénomène ordinaire.
Le séparatisme, en revanche, comme le souligne l'essai récent de Bernard Rougier, Les Territoires conquis de l'islamisme, correspond à "une situation où des groupes cherchent à subvertir les institutions pour développer une identité propre". Pour M. Héran, le problème vient notamment du fait que certains individus se retrouvent tellement vulnérabilisés par l'expérience de l'immigration qu'ils représentent des proies faciles pour des réseaux très organisés.
Il s’agit de faire la différence entre des formes d’accueil classiques et des entreprises qui tendent à radicaliser l’opposition entre Orient et Occident.
(François Héran)
Ce qui me frappe, c’est que, depuis très longtemps, deux siècles environ, il y a sans cesse la peur que des "éléments allogènes", des poches, se constituent.
(François Héran)
Ça n’est pas dans le confort d’un cabinet qu’on décide si la radicalisation est psychologique, sociale, etc… Il faut étudier les facteurs. (…) Or tous les facteurs s’entremêlent.
(François Héran)
Nommé en janvier à la présidence du conseil d’orientation du Musée national de l'histoire de l'immigration ouvert en 2007, notre invité souligne le rôle de ce musée à la fois comme témoignage de tout ce que l’immigration a apporté à la France, témoignage de ses difficultés mais aussi de nos attitudes face à l’immigration, phénomène aujourd'hui banal.
Pour accompagner la refondation de l'exposition permanente du musée, Patrick Boucheron et Romain Bertrand ont publié au Seuil en novembre un "rapport de préfiguration de la nouvelle exposition", Faire musée d'une histoire commune, dans lequel ils préconisent un parcours plus chronologique.
Récit national ni de justification ni de repentance : je trouve que c’est un faux débat.
(François Héran)
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La refondation de l'exposition s'accompagne d'une réactualisation des données et des objectifs : finie l'époque où Jacques Toubon menait une politique d'acquisition essentiellement d'art contemporain pour le musée ; désormais, François Héran souhaite souligner le développement de l’histoire des migrations au cours des vingt dernières années avec des historiens comme Gérard Noiriel, Jeanne Ponty ou Patrick Weil.
La nouvelle exposition va porter la trace de ce renouvellement formidable des connaissances.
(François Héran)
Le démographe rappelle également que la France connaît une immigration relativement stable depuis les années 1970, contrairement à l'idée qui sous-tend le concept de "crise des migrants" apparu en 2015-2016 et à laquelle le Rassemblement national a contribué à grands coups de chiffres extraordinaires : depuis 2005, les chiffres de l’immigration familiale sont très stables, et seuls augmentent très fortement ceux de l’immigration étudiante.
C’est en ayant conscience de notre passé que nous arriverons à dépassionner un certain nombre de choses.
(François Héran)
Extraits sonores :
- Emmanuel Macron à propos du séparatisme islamiste, BFM, novembre 2019
- Patrick Boucheron à propos du rapport Faire musée d'une histoire commune, "Le Cours de l'histoire", France Culture, 22/11/2019
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