Démocratie : faut-il changer de logiciel ?

Manifestation à Paris le 1er mai 2017
Manifestation à Paris le 1er mai 2017 ©Getty - Sylvain Lefevre / Contributeur
Manifestation à Paris le 1er mai 2017 ©Getty - Sylvain Lefevre / Contributeur
Manifestation à Paris le 1er mai 2017 ©Getty - Sylvain Lefevre / Contributeur
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Un dialogue respectueux sur la "dé-démocratisation en cours", en dépit de leurs divergences, c'est ce que proposent les philosophes Myriam Revault d’Allonnes et Chantal Delsol dans l'ouvrage "Ainsi meurt la démocratie". Elles poursuivent cet échange avec nous en revenant sur la présidentielle.

Avec
  • Myriam Revault d'Allonnes Philosophe, chercheure associée au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et professeure émérite des universités à l'École pratique des hautes études.
  • Chantal Delsol philosophe, romancière, éditorialiste, professeure émérite de philosophie politique et membre de l’Institut, Académie des Sciences morales et politiques

Faire dialoguer deux personnalités du monde intellectuel dans le respect et l’écoute malgré les désaccords, c’est toute la démarche de la collection “Disputatio” des éditions Miallet-Barrault, dirigée par Sophie Nordmann et Mazarine Pingeot. Le respect de la conflictualité est aussi une élément fondamental et en voie de disparition dans nos démocraties occidentales selon les philosophes Myriam Revault d’Allonnes et Chantal Delsol, qui se sont prêtées au jeu. "La démocratie c'est le dialogue, c'est la discussion, c'est le débat entre deux parties qui se respectent" précise ainsi Chantal Delsol.

Par voie épistolaire, elles ont dialogué sur la mort de la démocratie, échangeant leurs points de vue et leurs divergences, leurs convergences aussi. Le résultat de cet échange entre “adversaires” est l’ouvrage Ainsi meurt la démocratie (Mialet Barrault, mars 2022). Elles y questionnent la multiplication des revendications, les liens entre démocratie et émancipation.

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Elles reviennent en outre sur l'élection présidentielle et sur la " victoire à la Pyrrhus" d'Emmanuel Macron. Chantal Delsol dénonce un "non choix " et un système guère démocratique. Pour Myriam Revault D'Allones, Emmanuel Macron est "presque un choix obligé, un choix sous la contrainte".

Les auteures soulignent notre tendance actuelle à la technocratie, qui selon Chantal Delsol remonte en fait à la tradition platonicienne. "La démocratie n'est pas un régime divin, même pas charismatique, (…) elle peut mourir parce qu'elle est vivante et humaine" dit-elle.  Selon Myriam Revault D'Allones, "on en vient à juger de la valeur de la démocratie comme on estime l'efficacité une entreprise". "Il faut prendre des décisions le plus vite possible, (…) la notion même de citoyenneté a totalement disparu".

La Grande Table culture
27 min

Extraits sonores :

  • Compilation d’ambiance et d’interview de jeunes manifestants à la Sorbonne à Paris le 14/04/22

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