Pandémie et démocratie : quelle place pour le peuple ? Avec Chantal Mouffe.

Des manifestants contre la loi "Sécurité globale" le 28 novembre 2020, Place de la Bastille à Paris
Des manifestants contre la loi "Sécurité globale" le 28 novembre 2020, Place de la Bastille à Paris ©AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Des manifestants contre la loi "Sécurité globale" le 28 novembre 2020, Place de la Bastille à Paris ©AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Des manifestants contre la loi "Sécurité globale" le 28 novembre 2020, Place de la Bastille à Paris ©AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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Elle a théorisé le "populisme de gauche" et inspiré des mouvements comme Podemos. La philosophe Chantal Mouffe est notre invitée aujourd'hui pour cette semaine spéciale Europe.

Avec
  • Chantal Mouffe philosophe, philosophe politique , professeure de sciences politiques et de relations internationales à l'Université de Westminster

On la connaît surtout pour des concepts clés : celui de "populisme de gauche", qu'elle oppose au "populisme de droite", celui d'"illusion du consensus", une démocratie devant être agonistique, faite de dissensions et de points de vue adverses. Aujourd'hui, la philosophe politique Chantal Mouffe nous parle de l'après. Née à Charleroi (Belgique), résidant à Londres, où elle a passé son confinement, elle montre que la sortie de crise pourrait être favorable aux populistes autoritaires et nationalistes.   

Cette pandémie a exacerbé la crise de l'hégémonie néolibérale et remis en évidence les inégalités qui existent dans notre société.        
(Chantal Mouffe)

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Pour faire face, il s'agirait de se tourner vers une “stratégie populiste de gauche”, et en particulier vers une transition écologique sur le modèle du "Green New Deal" de la députée américaine Alexandria Ocasio-Cortez. Cela permettrait ainsi de répondre au besoin de protection de la population, autrement portée vers l'écueil d'un nationalisme "immunitaire".  

L'Etat pourrait sortir renforcé de cette crise, le néolibéralisme aussi. Dominerait alors un "néolibéralisme étatisé" plus ou moins autoritaire, et qui recourrait à ce que le Biélorusse Evgeny Morozov a appelé le "solutionnisme numérique" : l'usage des technologies comme solution à tout problème, politique y compris.  

Le néolibéralisme est en train d'essayer de se réinventer sous une forme technologique. [...] Le danger principal pour la démocratie ne vient pas des forces populistes mais du néolibéralisme lui-même.        
(Chantal Mouffe)

Enfin, ne pas sous-estimer le rôle des affects, et ne pas le laisser aux seuls populistes de droite_._ Car les affects, nous dit Chantal Mouffe, forment un levier de mobilisation politique que néglige une partie de la gauche, trop rationaliste.  Il ne s'agit pas de renoncer à la raison, mais de susciter des "affects communs" qui se cristallisent dans la création d’un collectif, d'un "nous", autour de valeurs démocratiques.

Les idées doivent rencontrer les affects. [...] Cette transition démographique, il faut la présenter d'une manière qui mobilise les affects importants pour les citoyens.        
(Chantal Mouffe)

La Grande table culture
27 min

Extraits sonores : 

  • L'économiste François Lenglet, mars 2019
  • Alexandria Ocasio-Cortez et son Green New Deal 

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