Peut-on définir le talent ?

Nous accueillons le sociologue Pierre-Michel Menger, professeur au Collège de France, auteur du Travail créateur en 2009 et d’une sociologie des intermittents du spectacle en 2011, système dont il soulignait alors le caractère inégalitaire. 

Il publie aujourd'hui aux PUF Le Talent en débat, une analyse de ce concept vieux comme le monde. Un concept revalorisé par la Silicon Valley, pays du "talent traffic", remis au goût du jour par les grandes entreprises qui se disputent pour recruter les "talents" du secteur, mais aussi par le football mondial où le talent des joueurs de foot s’échange et s’acquiert à quelques centaines de millions pour les transferts les plus réussis, et par la télé, enfin, en quête d’ « Incroyable talent », de « The Voice » ou d’un « Master Chef ».

Nous accueillons également la cinéaste Claire Simon, que nous avions reçue à l’occasion de la dernière Berlinale. En sélection, son film Premières solitudes arrive en salles. Mais le talent était surtout une valeur qui traversait son dernier film documentaire, Le Concours en 2016, qui portait sur les épreuves d’entrée à la Fémis, la très sélective école de cinéma de Paris. 

Il y a en permanence l'idée de trouver cela en algorithme. (Pierre-Michel Menger à propos de la difficulté à définir le talent)

Il peut faire valoir des qualités qui sont non captées [...]. Nous sommes dans un univers de sélection. (Pierre-Michel Menger à propos du candidat qui postule à une école)

Parfois le désir est un désir de distinction plus qu'un désir de praticien d'un art. (Claire Simon à propos du désir des candidats)

Il faut laisser entrer ce qui est absolument divers et ce dont on n'a pas idée. (Claire Simon à propos des sélections lors des concours)

Le sujet du talent et de la méritocratie sont des sujets qui tambourinent depuis deux siècles [...]. Le mot talent est le même dans vingt-cinq langues, au moins. (Pierre-Michel Menger)