Pourquoi la pop est-elle impopulaire ?

Foule jouant avec des ballons de plage pendant un concert présenté au festival Osheaga de Montréal le 1er août 2010.
Foule jouant avec des ballons de plage pendant un concert présenté au festival Osheaga de Montréal le 1er août 2010. - tkaravou from Montreal, Canada  (wikimedia)
Foule jouant avec des ballons de plage pendant un concert présenté au festival Osheaga de Montréal le 1er août 2010. - tkaravou from Montreal, Canada (wikimedia)
Foule jouant avec des ballons de plage pendant un concert présenté au festival Osheaga de Montréal le 1er août 2010. - tkaravou from Montreal, Canada (wikimedia)
Publicité

La pop, souvent prise à la légère pour sa dimension commerciale, est pourtant plus riche qu'il n'y paraît. Pour en parler, la philosophe et artiste Agnès Gayraud ainsi que le comédien et humoriste Alex Lutz.

Avec
  • Agnès Gayraud Philosophe, professeure d'esthétique à la Villa Arson, compositrice et interprète sous le nom « La Féline ».
  • Alex Lutz Comédien, metteur en scène et auteur

Considérée comme mainstream, entendre par là qu'elle se vend bien, autrefois fédératrice, la pop ne rassemblerait plus totalement. La faute à l'industrie culturelle? Au manque d'ambition de cette musique? Nous en parlions avec Alex Lutz, comédien et réalisateur, qui rendait hommage à la chanson populaire et aux icônes des sixties dans son film Guy, sorti en salles en 2018. Également présente, Agnès Gayraud, philosophe et musicienne, membre du groupe La Féline, auteure de Dialectique de la pop (La Découverte, 2018).

Largement associée au _mainstream__,_ la musique pop est généralement prise à la légère, lorsqu’elle n’est pas méprisée et considérée comme un « style » jetable, associé à l’industrie du divertissement et targué d’inauthenticité. Pourtant, parmi tous les types de musique, c’est probablement la pop qui se vend le mieux. Ses airs canoniques sont connus de tout le monde, des mythiques tubes de Abba à la fièvre dansante du disco, en passant par le dernier Rihanna et par nos idoles des sixties, plus ou moins assumées, souvent considérées avec nostalgie.

Publicité

En dépit de la standardisation de la pop, on a quand même besoin de gens comme Rihanna, qui rappellent ce que fait la pop : (…) apporter une «idiosyncrasie» qui va permettre de donner une singularité au hit.                
(Agnès Gayraud)

Un refrain, le caractère mémorisable, un goût de la légèreté, la réflexivité d'une chanson qui parle d'elle-même... ce sont les caractéristiques, nous dit Agnès Gayraud, d'un air pop. Elle s'inscrit dans une démarche visant, non pas à dire ce que serait la bonne pop, mais à interroger la différence de la musique populaire enregistrée avec d'autres types de musique.

Pour elle, la pop ne serait pas tant impopulaire que méprisée sur un plan théorique. Ainsi le philosophe Theodor Adorno écrivait-il à propos du jazz que ce genre musical était trop léger et trop facile. Des arguments présents chez beaucoup d'amateurs de musique savante et auxquels Agnès Gayraud espère répondre à travers son essai.

Le "vrai" métier des philosophes
4 min

Alex Lutz pointe quant à lui les métiers nés de cette industrie, qui se sont collés à l'art musical pour l'exploiter, du marketing à la désignation d'un prix, et qui ont grandement contribué à la disgrâce de la pop.

Quand la possibilité de dupliquer une œuvre musicale est arrivée, il y a eu une forme de gourmandise.                
(Alex Lutz)

La pop est une multiplication des formats, quelque chose qui zappe, (…) des idoles qui en sont deux minutes.      
(Alex Lutz)

Enfin, si certains ont considéré que le plébiscite du public, sa grande réceptivité à cette musique, contribue à en faire un art mineur, la qualité artistique de l'objet pop en soi est à défendre.

En pop, le hit est l’idée du chef-d’œuvre. S’il y a une promesse dans la musique enregistrée, c’est bien de considérer l’art et le plébiscite.      
(Agnès Gayraud)

Cette émission est une rediffusion du 29 août 2018.

La Grande table
29 min

Extraits sonores :

L'équipe