Surconsommation, suralimentation, addictions… Notre cerveau nous pousserait à détruire la planète au nom du plaisir immédiat. C'est la thèse que défend Sébastien Bohler dans son dernier essai : "Le bug humain." (Robert Laffont, 2019).
- Sébastien Bohler Docteur en neurosciences et rédacteur en chef de la revue "Cerveau et Psycho".
Ils sont nombreux les rapports et les constats qui nous alertent sur la fin du monde, entre fonte glacière et montée de eaux. Nous sommes tous conscients du désastre à venir. Mais, bien que toutes ces informations soient à portée de main, nous n’abandonnons pas nos habitudes néfastes, toujours attachés à nos smartphones et à nos pratiques polluantes.
C’est cette contradiction, ce « bug » humain, qui a inspiré Sébastien Bohler. Docteur en neurosciences, chroniqueur dans l'émission « La Tête au carré » sur France Inter et dans « 28 minutes » sur Arte, directeur de la revue Cerveau & Psycho, il nous parle de cette incohérence permanente dans Le bug humain. Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l'en empêcher (Robert Laffont, 2019).
Selon lui, tout partirait du cerveau. Instrument ambivalent à l'origine de nombreux progrès, celui-ci est également le lieu du striatum, qui provoque la sensation de plaisir immédiat. Utile pour la survie, car encourageant à consommer, se reproduire ou s'assurer un statut social qui garantisse la supériorité de l'individu sur le court terme, comme c'était le cas pour nos ancêtres, le striatum est aujourd'hui la cause de notre difficulté à penser sur le long terme.
Le cerveau est l'objet le plus complexe de l’univers. C'est la prochaine "terra incognita". [...] On n'aurait jamais réussi à détruire le monde sans cette intelligence incroyable...
(Sébastien Bohler)
Suralimentation, surconsommation matérielle, addiction aux films pornographiques, aux jeux-vidéos et aux réseaux sociaux... autant de désirs motivés par notre striatum, substrats de ce temps passé, le besoin de survivre en moins. Si nous préférons combler des désirs immédiats, fixés dans l'ici et le maintenant, plutôt que de penser aux conséquences de nos choix, ce ne serait donc pas tant notre faute que celle de notre cerveau.
Tant que notre liberté est uniquement celle de consommer, de rouler au charbon et de polluer autant qu'on veut, c'est un esclavage.
(Sébastien Bohler)
Si Sébastien Bohler nous livre un constat assez pessimiste quant à nos comportements à venir, il montre que l'individu peut être éduqué au long terme et à des plaisirs non néfastes : l'altruisme, par exemple, réveille le circuit de la récompense autant que l’égoïsme. Le striatum peut ainsi être domestiqué en jouant sur le sentiment de reconnaissance des individus, non plus en fonction de ce qu'ils possèdent, mais de ce qu'ils partagent et de l'attention qu'ils portent aux autres.
La notion de profondeur de la mémoire et de transmission va devenir essentielle : on s'adapte à tout malheureusement. [...] Il faut continuer à dire aux enfants qu'autrefois, sur les routes, on avait des insectes sur le pare-brise.
(Sébastien Bohler)
On vit dans la traînée terminale d'un monde qui n'a plus de sens.
(Sébastien Bohler)
Aujourd’hui, le temps long est inexistant. Il ne peut pas faire concurrence à tous ces distracteurs dont nous sommes entourés.
(Sébastien Bohler)
Extraits sonores :
- "Il était une fois ... la Vie : les neurotransmetteurs" (Albert Barillé,1986)
- Philippe Bihouix (France Culture, La Grande table, 15/05/2019)
- Clip IDF de l'appel des jeunes à faire la grève pour le climat
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