Quelles relations aux autres dans la société moderne ?

Notre invité aujourd’hui se place dans le sillage du fondateur Theodor Adorno et réfléchit à la question de savoir comment entrer en résonance avec le monde qui nous entoure. 

Comme une suite à sa critique sociale du temps dans Accélération, paru en 2015, Hartmut Rosa publie aujourd’hui Résonance. Une sociologie de la relation au monde, à la Découverte, pour remédier à la frénésie actuelle et à ce qu’il appelle "la famine du temps", le manque de temps. Comment reprendre le contrôle de nos vies ? Quelle relation nouer avec le monde ? 

La résonance est une forme spécifique de l’entrée en relation avec le monde qui repose sur des éléments essentiels : c’est se mettre en capacité d’entendre l’appel du dehors, mais il faut aussi être en mesure de répondre. Pour cela, il faut se sentir en lien avec le monde.

Mon but est de faire comprendre qu’on ne peut résoudre le problème au niveau individuel. Il ne suffit pas de se reposer et d’être cool. Le problème de la vie bonne est aussi institutionnel, culturel.

On peut rendre la résonance mesurable en tant que qualité du relationnel. Autrement dit, pour mesurer une vie réussie, il faudrait savoir quelle genre de relation nous avons avec les autres personnes, avec les choses et avec le monde. Il faut avoir fait l’expérience de toucher le monde.

Cette idée de résonance peut éventuellement avoir affaire avec une expérience mystique, ou en tout cas spirituelle, mais la mystique n’est pas une condition à l’entrée en résonance. Cela peut-être un pur concept sociologique.

Le populisme de droite est porté par l’envie de la résonance. La voix populiste propose aux gens de les écouter, mais ne leur propose pas de faire écouter leurs voix. Donald Trump par exemple ne veut pas entendre les autres, il veut être leur voix.