Robert Badinter et les mondes disparus

Robert Badinter
Robert Badinter ©AFP - JOEL SAGET
Robert Badinter ©AFP - JOEL SAGET
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Comment écrire la mémoire familiale et à travers elle celle des juifs en Europe et en France ? Ecrire sur ce monde disparu : le Yiddishland de l'empire tsariste ? Comment écrire avec force l'amour d'un petit-fils ? Avec Robert Badinter, ancien garde des Sceaux, pour "Idiss" (Fayard, 2018).

Avec
  • Robert Badinter Homme politique, ancien président du Conseil Constituttionnel, ancien Garde des Sceaux

Après une vie de barreau et de chancellerie, Robert Badinter a mis de côté ses sujets de prédilection, le travail et la loi, les prisons, l’abolition, l’indépendance de la justice, le sens de la peine… pour en revenir aux origines d’une vie, à l’enfance, la sienne, marquée par la figure de sa grand-mère maternelle : Idiss , titre de ce livre témoignage qui parait chez Fayard. 

Témoigner comme une dette dont on s’acquitte envers ceux qui nous ont précédés… Témoigner aussi pour se souvenir et pour transmettre l’histoire d’un monde disparu. 

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Je suis retourné en ces lieux déserts où il n'y avait plus de juifs, plus de synagogues (...) C'est un monde qui a été délibérément assassiné. Robert Badinter sur sa visite en Bessarabie, la région de sa grand-mère.

Témoigner son amour pour cette grand-mère, née à Kichinev, qui a fui les pogroms du Yiddishland pour rejoindre Paris à l'aube du XXème siècle. Ayant grandi avec Idiss, avec qui il vivait avec son frère et ses parents, Robert Badinter se remémore un être aimé. Souvenirs d'une balade dans les rues du marais, du goût d’un gâteau au fromage, d'une odeur de chocolat chaud, du parfum de deux gouttes d’eau de Cologne, du silence d’une prière…

Quand je pense à mon enfance, inévitablement, irrésistiblement, je pense à ma grand-mère.

Son monde était juif. Son monde était yiddish (...) Comme elle avait un si beau sourire et qu'elle aimait communiquer au monde ses sentiments, on la comprenait.

Ce retour sur une enfance qui "a pris fin le 10 mai 1940" écrit-il, un moyen de se remémorer ses parents et leur amour pour la République française et pour la langue française.

Mon père, qui a quitté la Russie après la révolution (...) il a choisi la France et par amour. Chez nous il était interdit de parler autre chose que le français.

La Grande table culture
28 min

Extraits sonores :

  • Interview d'Israël Gruvmann par Paula Jacques datant du 1er janvier 1988
  • Julia Kristeva - NM du 12/10/1990 
  • Interview de Dominique Schnapper à la Grande table le 2 octobre 2018

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