Romain Badouard : peut-on réguler la violence sur internet ?

Des mains sortant d'un écran
Des mains sortant d'un écran ©Getty - C.J. Burton
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Romain Badouard, maître de conférences et chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’Institut Français de Presse à l'université Paris II (Panthéon-Assas), auteur des "Nouvelles lois du web : modération et censure" (Seuil).

Avec
  • Romain Badouard Maître de conférences et chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris II Panthéon-Assas

Romain Badouard est membre du comité de rédaction de la revue Participations, revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté et membre de l'Observatoire de l'égalité, de l'éducation et de la cohésion sociale du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.

Après un ouvrage Désenchantement de l’internet. Désinformation, rumeur, propagande, (FYP Editions, 2017), Romain Badouard poursuit ses recherches sur la désinformation dans son nouvel essai Nouvelles lois du web : modération et censure (Seuil, 2020) qui interroge les conditions de possibilités du régulation des contenus haineux et de désinformation sur internet, en particulier sur les plateformes telles que Google, Twitter, Facebook ou encore Youtube. 

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Dans le droit français, ce que l’on définit comme haine en ligne est l’appel à la violence envers des personnes en fonction de leur appartenance à un groupe en particulier. Quand on en parle dans le débat public on y ajoute notamment le harcèlement, qui implique le fait d’avoir des attaques répétées envers quelqu’un. Pris ensemble, on a une impression générale de violence. (Romain Badouard)

Il y a toujours eu de la violence sur internet et dans la société. Ce qui a vraiment changé est qu’aujourd’hui le débat est centralisé autour de quelques grandes plateformes. (Romain Badouard)

Depuis les années 2000, les plateformes mettent en place de nouvelles formes de modération, notamment pour contrevenir aux propos haineux en ligne ou aux fausses informations. Face à la quantité de contenus publié chaque minute, des solutions algorithmiques sont proposées en plus des signalements des utilisateurs et des unités de modérateurs installés partout à travers le monde. 

Les régulateurs tapent du poing sur la table en exigeant un certain type de comportements vertueux envers les plateformes : elles modifient leur politique de modération, mettent en place des filtres automatiques… En termes de cyber harcèlement ça ne va surement pas assez loin mais ça bouge. (Romain Badouard)

Il faut que les pouvoirs publics supervisent le travail des plateformes pour s'assurer que les droits des usagers soient respectés. (Romain Badouard)

La problématique de la liberté d'expression est au cœur de ces enjeux de modération, notamment parce que les mauvaises conditions de travail des modérateurs et l'automatisation de la suppression de certains contenus peuvent entraîner une forme de sur-censure. 

Face à la censure abusive, les plateformes ont mis en place des procédures d'appel pour qu'une seconde vérification soit faite. Du point de vue de la violence, il faut une régulation, mais on voit aussi qu'il faut équilibrer cette régulation pour ne pas tomber dans une forme de censure trop forte. (Romain Badouard)

Pour aller plus loin : 

La Grande table culture
27 min

Extraits sonores :

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