Soustraire l'Afrique de la pensée coloniale

une carte du Zaïre en 1662
une carte du Zaïre en 1662 ©Getty -  Picturenow / Contributeur
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Afrique France, quel récit commun? Rendez-vous avec l'historien Mamadou Diouf pour la traduction française de "L'Invention de l'Afrique" (Valentin-Yves Mudimbe, Présence africaine, 2021), et Eric Fottorino, fondateur des revues "Le 1" et "Zadig".

Avec
  • Eric Fottorino Journaliste et écrivain
  • Mamadou Diouf Historien, directeur et enseignant chercheur à l'IAS (Institut d'études africaines de l'Université de Columbia)

Mamadou Diouf est enseignant à l’Université de Columbia à New York. Il dirige également la collection "Histoire, Politique et Société" des éditions Présence africaine. C'est dans cette collection que paraît un livre dont il a écrit la préface : L’Invention de l’Afrique. Gnose, philosophie et ordre de la connaissance, traduction française - écrite par  Laurent Vannini - de The Invention of Africa. Gnosis, Philosophy and the Order of Knowledge. 

La France a décolonisé à un moment de crise, les années 50, mais elle ne s'est pas décolonisée elle-même. Elle continue à véhiculer des images et des idées qui renvoient à ce que Mudimbe appelle "L'invention de l'Afrique". (Mamadou Diouf)

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Mamadou Diouf revient sur le contexte de parution de ce livre phare écrit par le philosophe et écrivain congolais Valentin-Yves Mudimbe. Paru aux Etats-Unis en 1988, il n'avait pas encore connu de traduction française, alors même que l'ouvrage est  fondateur pour les études postcoloniales sur l’Afrique. Il aurait ainsi opéré une rupture comparable à celle provoquée par Edward Saïd (1935-2003) avec son livre L’Orientalisme (1978).

En outre, il montre que l'image d’une Afrique primitive, en dehors de l'Histoire et représentant l’altérité par excellence, est une construction intellectuelle. L'Afrique a ainsi été "inventée" par les grands textes européens : ceux des explorateurs, des anthropologues, des missionnaires... Cette construction ayant abouti à une "librairie coloniale" dans laquelle même les Africains sont encore enfermés.

L'Afrique a toujours été un objet de la politique française.(Mamadou Diouf)

Une émission avec Eric Fottorino, directeur de la revue hebdomadaire Le 1, à l'occasion de la parution du double numéro "Qu'a fait la France au Rwanda ? / Que fait la France au Sahel?", alors qu'Emmanuel Macron s'est rendu aujourd'hui à Kigali au Rwanda. Le discours qu'il a tenu au mémorial du génocide des Tutsis était très attendu.

Comme c'est un président qui s'attache vraiment à l'usage des mots, il dit clairement qu'il n'est pas dans un discours ni de repentance ni de déni mais de reconnaissance. Reconnaissance des faits, reconnaissance d'un récit commun. (Eric Fottorino)

Il ne va pas jusqu'à dire qu'il y a une complicité, dans la mesure où il pense que la complicité veut dire une action volontaire, consciente, pour aider les génocidaires. (Eric Fottorino)

La Grande table culture
27 min

Extraits sonores : 

  • Edward Saïd (Soir 3, "C'est à lire : Edward Said", 01/11/1980)

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