Stephanie Kelton, la fin du mythe du déficit

Stephanie Kelton au Sénat américain le 2 février 2015
Stephanie Kelton au Sénat américain le 2 février 2015 ©Getty - Tom Williams
Stephanie Kelton au Sénat américain le 2 février 2015 ©Getty - Tom Williams
Stephanie Kelton au Sénat américain le 2 février 2015 ©Getty - Tom Williams
Publicité

La traduction en français de l'ouvrage "Le Mythe du déficit" de la conseillère de Bernie Sanders en 2016, Stephanie Kelton, paraîtra le 10 mars aux éditions "Les Liens qui Libèrent".

Avec
  • Stephanie Kelton Économiste

Conseillère de Bernie Sanders lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, nommée par Politico l’un des penseurs politiques américains majeurs la même année, Stephanie Kelton a rencontré un franc succès aux Etats-Unis avec son ouvrage Le Mythe du Déficit qui paraît dans sa traduction française (Les Liens qui Libèrent).

J’essaye de montrer où il faut penser différemment : le problème que nous avons est un problème de communication, on n’utilise pas les bons mots pour décrire ce qu’il se passe. Les mots “déficit” et “dette” deviennent une manière de faire peur aux gens. (Stephanie Kelton)

Publicité

L'ouvrage de Kelton, économiste hétérodoxe qui se revendique de la Théorie Monétaire Moderne, a fait couler beaucoup d'encre, car elle y propose notamment une analyse radicale ayant pour objectif de renverser les idées reçues sur le déficit et la dette publique. La thèse principale de l'ouvrage n'est pas sans causer quelque surprise de prime abord : le déficit public n'est pas assez important, et d'ailleurs, les gouvernements ne devraient pas avoir peur de l'augmenter !

Il faut dire que le déficit ajoute à la richesse : c’est une contribution financière qui enrichit d’autres secteurs de l’économie. Le déficit du gouvernement devient notre excédent. La dette publique est un instantané qui montre les contributions qui ont été faites par le gouvernement à l’économie. (Stephanie Kelton)

Je ne dis pas aux leaders politiques ce qu’ils doivent faire, j’essaye seulement de montrer ce que l’on peut faire en se rendant compte que nos budgets peuvent financer tout cela. On commence enfin à penser que le déficit est une solution. (Stephanie Kelton)

Nous en avions déjà parlé avec Ester Duflot en septembre : dans l’histoire économique des Etats-Unis, le néolibéralisme a moins de 50 ans. Stephanie Kelton renoue avec le new Deal de Franklin D. Roosevelt et rappelle que dans l'histoire américaine, l’Etat et ses outils ont toujours été très importants. 

A chaque fois que les Démocrates ont tenté de rendre l’université et les soins de santé gratuits, les Républicains ont utilisé l’argument de la dette. Les Américains vont arrêter de croire que les poches de l'État sont vides en voyant la façon dont le gouvernement a payé sans augmenter les impôts durant la crise du coronavirus. Le mythe est mis à nu : l’argent est là ! (Stephanie Kelton)

La thèse de la Théorie Monétaire Moderne de Kelton repose cependant sur un monopole auxquels les Etats de la zone euro ont renoncé : le monopole monétaire, c'est-à-dire la capacité à contrôler la planche à billets. Dès lors, faut-il craindre une crise imminente de la zone euro ?

On ne devrait jamais penser les finances du gouvernement fédéral comme on pense les budgets des ménages : certains pays ont la souveraineté monétaire, pas la France. Il y a une différence entre les pays qui peuvent émettre la monnaie et ceux qui ne le peuvent pas, comme la France ou l'Italie. Le degré de liberté aux États-Unis est plus important. (Stephanie Kelton)

La Grande table idées
33 min
La Grande table culture
28 min

Extraits sonores:

  • Barack Obama sur C-SPAN le 23 mai 2009
  • Alexandria Ocasio-Cortez sur CNN le 9 août 2018

L'équipe