"Le voyage du prince", une invitation à la découverte d’autres mondes et un sixième long-métrage pour le réalisateur de "Louise en hiver". Jean-François Laguionie nous parle de son dernier film d’animation, en salle le 4 décembre.
- Jean-François Laguionie réalisateur
Après la mise en scène de la figure maternelle dans Louise en hiver, où la solitude d’une femme au soir de sa vie rendait possible sa redécouverte du monde, Jean-François Laguionie dévoile son sixième long-métrage, Le Voyage du prince, Cristal d’honneur au dernier Festival International du Film d’Animation d’Annecy, en salle le 4 décembre. Un film dont il a aussi été concepteur graphique, co-écrit avec Anick Le Ray, sa compagne, et coréalisé avec Xavier Picard, par ailleurs réalisateur des Moomins sur la Riviera en 2015.
On y retrouve le prince éclairé du Château des singes (1999). Désormais âgé, il échoue sur un rivage inconnu et est découvert, blessé, par un jeune singe, Tom, et recueilli par ses parents adoptifs, deux scientifiques en rupture avec l’Académie de leur pays. Celui-ci, aux airs de civilisation du XIXe siècle, rappelle la cité marmoréenne du film Le Roi et l’oiseau (Paul Grimault, 1953), les gratte-ciels de Villeurbanne, les édifices haussmaniens, la Samaritaine, et, surtout, l’univers de Metropolis, le film de Fritz Lang.
Quand je me moque des choses de la vie, c’est toujours avec un sourire. Je suis un pessimiste bienveillante, je ne critique pas une société tentaculaire telle qu’on l’a dessinée. La vie nous montre que les artistes peuvent simplement peindre ou dessiner ce qu’ils voient, mais l’analyser ne fait pas partie de leur travail.
(Jean-François Laguionie)
Tom aide le prince à aborder cette société relativement proche de la nôtre. Le Voyage du prince n’est pas la suite de ce précédent film, mais plutôt une "suite libre", selon les mots des producteurs, "sous forme de miroir, où l’arroseur de jadis devient l’arrosé d’aujourd’hui".
Peut-être pas un regret, mais une sorte d’insatisfaction en pensant à ce premier film [Le Château des singes] : j’ai dû penser que je n’avais pas traité le sujet de l’étranger, de l’Autre, avec suffisamment de sérieux. J’ai tenté de le faire cette fois-ci.
(Jean-François Laguionie)
Un film aux allures de conte philosophique dans la question qu’il pose : pourquoi le regard de l’étranger met-il à jour avec plus d’acuité la réalité d’une société ? Des Lettres persanes à Candide, ce motif se combine à la description de sociétés utopiques ou dystopiques dont les excès renvoient à ceux de nos sociétés, comme dans le cas du Gulliver de Jonathan Swift. Il s’inscrit dans une thématique chère à Laguionie : la découverte des autres et, donc, de soi.
C’et un conte, car je suis un raconteur d’histoires, mais je ne vais pas non plus m’enfermer dans la technique narrative du conte. J’essaye de faire de la poésie, tout simplement.
(Jean-François Laguionie)
Extraits sonores :
- Bande-annonce du Voyage du prince (Jean-François Laguionie, 2019)
- Pierre Boulle, "La planète des singes est une satire" (Archive INA, "Lectures pour tous", RTF, 06/02/1963)
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