Hélène Gaudy, expédition littéraire au Pôle Nord

Hélène Gaudy pendant le festival "Les Correspondances" (Manosque, 26.09.2019)
Hélène Gaudy pendant le festival "Les Correspondances" (Manosque, 26.09.2019) ©AFP - JOEL SAGET / AFP
Hélène Gaudy pendant le festival "Les Correspondances" (Manosque, 26.09.2019) ©AFP - JOEL SAGET / AFP
Hélène Gaudy pendant le festival "Les Correspondances" (Manosque, 26.09.2019) ©AFP - JOEL SAGET / AFP
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Voyage sur les traces de trois aventuriers de la banquise. Une expédition dans le Grand Nord qui a mal tourné, il y a plus d’un siècle de cela… Hélène Gaudy remonte le fil de leurs rêves dans "Un monde sans rivage" paru chez Actes Sud.

Avec

Un monde sans rivage (Actes Sud, 2019) expose la découverte en 1897 des corps et des vestiges du campement de Salomon August Andrée, Knut Frænkel et Nils Strindberg, partis pour rejoindre le pôle Nord en ballon. On les retrouve trente ans plus tard, leur journal d’expédition et leurs rouleaux de pellicule mystérieusement préservés du froid. 

Le titre, d’emblée, révèle cette tragédie : évoquant ironiquement l’idée de la terre-ferme, du retour auquel ces trois explorateurs n’auront jamais droit, il est tiré d’une citation de l’écrivain tchèque Hans Günther Adler dans Un voyage, œuvre écrite après sa déportation au camp de Terezín. La citation est mise en épigraphe dans le roman d’Hélène Gaudy : "Tout plonge dans un monde sans rivage, qui ne tolère aucune définition et face auquel, comme beaucoup l’ont déjà dit, toute affirmation est une solitude, une île."

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Quand Adler utilisait ces mots à propos de Terezín, ville forteresse transformée en camp de concentration, il s’agit pour Hélène Gaudy de faire voyager cette citation dans le temps et l’espace: "Le monde sans rivage, dit-elle, c’est la banquise où on erre sans trouver de côte, c’est le siècle que leur expédition annonce, et, bien sûr, c’est le nôtre, où les banquises elles-mêmes disparaissent".

Un monde sans rivage raconte des faits réels, Hélène Gaudy s’étant beaucoup documentée pour écrire cette histoire, en même temps qu’elle glisse, entre les chapitres, des extraits du journal d’expédition d’Andrée pour marquer le glissement progressif du personnage dans la folie à mesure de l’errance de son petit groupe sur la banquise. Preuve que les personnages tiennent à laisser une trace de leur périple. Nous est également présentée toute une galerie d’autres explorateurs, au détour d’un chapitre ou même d’un paragraphe. L’occasion de réflexions sur le motif de l’errance et de la folie qui s’empare d'eux.

Hélène Gaudy s’intéresse ainsi à la fabrique des héros et aux trajectoires individuelles, autant qu’à l’évolution générale de notre rapport au monde, jouant avec les changements de perspective et l’élargissement du point de vue à des expéditions plus récentes, réelles ou fictionnelles.

La Grande table idées
33 min

Extraits sonores : 

  • Mathieu Riboulet (France Culture, Hors Champs, 01/10/2015)
  • "Jean-Louis Etienne : médecin, explorateur" (France Inter, Les savanturiers, 27/11/2011)
  • Nanook of the North (Robert Flaherty, 1922)
  • Jean-Christophe Bailly (France Culture, Les mardis littéraires, 02/12/2008)

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