

Ian McEwan nous livre une réflexion autour de l’avenir de l’Homme à l’heure de la robotique. Il nous en parle à l'occasion de la publication en France de son roman "Une machine comme moi" (Gallimard, janvier 2020).
- Ian McEwan Ecrivain britannique
Le romancier et scénariste britannique Ian McEwan fait paraître en France son nouveau roman, Une machine comme moi (Gallimard), une fiction qui se joue dans une réalité alternative pour interroger notre propre avenir. Une uchronie écrite avec le mordant propre à l'auteur de L'Enfant volé, prix Fémina étranger 1993.
En situant l'action de ce roman dans un passé alternatif, je voulais retourner dans le monde de la pure fiction. Voilà pourquoi tout demeure suspendu dans le temps, c’est une période qui n’est en fait jamais advenue. Quand on contemple le présent, on comprend combien il est improbable, et combien on n’arrivera jamais à le prédire.
(Ian McEwan)Publicité
Dans un Londres placé dans les années 1980, presque semblable au nôtre mais pas tout à fait - le génial mathématicien Alan Turing, père de l’informatique et des ordinateurs, ne s’est pas suicidé en 1954 mais a poursuivi ses recherches, les Beatles viennent de se reconstituer autour d’un John Lennon ayant échappé à son assassin, des voitures sans conducteurs sillonnent les rues de Londres -, Charlie se procure un "Adam", un androïde à l’intelligence artificielle dernier cri. Un être doté d’une moralité irréprochable, au point qu’il en agace les personnages, Charlie et sa compagne Miranda, qui développe des sentiments et questionne les limites même de l’humanité. Un androïde qui écrit, réfléchit et tombe amoureux de Miranda. S’installe alors un étrange ménage à trois sur fond de catastrophe politique à venir.
On sait comment être bons : il y a les religions, les philosophies, et le bon sens, tout simplement .[…] Mais être bon constamment, et avec constance, c’est autre chose. Le problème que pose Adam, c’est qu’il a sans doute un sens moral qui reste plus droit et qui est moins défaillant que celui des humains.
(Ian McEwan)
Après avoir abordé les thèmes du terrorisme, de l’écologie, de la raison confrontée au fondamentalisme religieux, des progrès de la science face à la ténacité des obscurantismes, Ian McEwan s’intéresse désormais à l’intelligence artificielle et aux problématiques, pas seulement éthiques, mais profondément humaines, quelle soulève. Son livre devient l’occasion d’une réflexion sur l’avenir de la littérature à l’heure des robots, Ian McEwan étant fasciné par la science, déjà présente dans nombre de ses romans et terreau particulièrement fécond pour la littérature, que, justement, elle délaisse peut-être trop souvent.
C’est un très vieux rêve de créer un être humain artificiel, ça remonte même à des milliers d’années. Prométhée est l’un des premiers fabricants de robots, et même Dieu, avec l’histoire d‘Adam et Eve, a fait des créatures à sa propre image. Dans les temps plus modernes, il y a le Frankenstein de Mary Shelley. Ces personnages sont tous très seuls […] Placer mon Adam dans la communauté humaine, c’est forcément un processus d’intégration un peu délicat.
(Ian McEwan)
A noter que Ian McEwan sera à la master classe organisée à la BnF, en collaboration avec France Culture et le Centre national du livre, ce mardi 14 janvier et animée par Sylvain Bourmeau.
J’aimerais vivre un millions d’années. Le grand choc, c’est que l’on va mourir alors que l’Histoire ne sera pas terminée. Voilà ce que je trouve très frustrant.
(Ian McEwan)
Pour aller plus loin : vous pouvez écouter ici la Grande traversée : l'énigmatique Alan Turing
Extraits sonores :
- Bande annonce de la série Arte Real Humans :100% Humain (2012)
- Hatsune Miku, "Kimi Boshi"
- Michel Houellebecq sur le courage de dire la vérité (Le Magazine littéraire, mars 2011)
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration