Rencontre avec un maître du polar : James Ellroy, auteur du "Dahlia noir" ou de "L.A. Confidential", nous parle de son dernier titre, "La Tempête qui vient" (Rivages/Noir, 2019).
- James Ellroy Ecrivain américain
Après son premier Quatuor de Los Angeles, situé dans les années 50 (Le Dahlia noir, Le Grand Nulle Part, L.A. Confidential et White Jazz), James Ellroy, notre invité pour ces deux parties, livre le second tome de son second Quatuor: situé dans les Etats-Unis de la Seconde Guerre Mondiale, La Tempête qui vient fait ainsi suite à Perfidia.
Son titre, une citation du poète britannique Auden, est évoqué à plusieurs reprises : « La tempête qui vient, ce désastre qui ensauvage ». Une référence littérale à la tempête qui secoue Los Angeles en ces derniers jours de 1941. Métaphore biblique et présage de guerre, cette « tempête » est par ailleurs souvent prophétisée par le personnage de Meyer Gelb, à la tête d’une cellule communiste dans le livre: « Le désastre c’est l’Histoire, et l’alliance a été conçue comme un moyen d’y survivre » (p. 579) : On pourrait donc y lire l’alliance entre communistes et nazis, au centre du roman.
Mes personnages dans ce livre sont fortement mus par un sens exagéré de leur propre destin, par leur désir, par leur passion incontrôlable, par leur cupidité et par leurs idéologies. Tous ces protagonistes [...] sont profondément croyants. Ils sont patriotes, chacun à sa manière.
(James Ellroy)
Les obsessions formelle et thématiques de l’écrivain transparaissent dans ce dernier titre : diversité des formes, avec des extraits radiophoniques ou journalistiques, l’inventivité du style, qui mélange jargon administratif, introspection hâtive et argot de la pègre, multiplicité des intrigues et des personnages - ils sont 92 recensés à la fin du roman- ou encore abolition des distinctions morales et idéologiques.
Certains hommes et certaines femmes ont démontré qu'ils pouvaient être héroïques. Mes protagonistes se sont certainement révélés ainsi : ils vont aux extrêmes de leurs ressources, mais ils restent des êtres humains, avec leurs défauts. De temps en temps, tels qu'ils se présentent avec les défis de la Seconde Guerre mondiale, ils se dirigent vers les lumières de la rédemption.
(James Ellroy)
J'aime la langue anglaise. Frank O'Connor, l'écrivain irlando-américain, écrit au XXe siècle qu'une littérature qui ne peut pas être vulgarisée, ce n'est pas de la littérature du tout, et qu'elle ne durera pas. Si on regarde la littérature américaine, tout porte sur la langue populaire. Moi, j'aime tous les aspects de la langue populaire : les injures racistes, l'argot des jazzmen américains...
(James Ellroy)
Le parcours de James Ellroy a tous les aspects d’un roman : né en 1948 d’une mère infirmière assassinée lorsqu’il est âgé de 10 ans et d’un père surnommé « l’homme blanc le plus fainéant du monde », il décide à 17 ans de s’engager dans les marines mais finit congédié pour raisons psychologiques.
J'ai été rédimé par Dieu : il m'a donné un don absolument étonnant, le don de la capacité de recréer l'Histoire, le don de l'Histoire elle-même. Je le rends aux gens et, plus que tout, je vis l’Histoire moi-même.
(James Ellroy)
De retour à Los Angeles, il vit de petits boulots, fume de la marijuana, vole dans les magasins et dort dans des parcs, faisant quelques courts séjours en prison. Son premier roman, Brown’s Requiem paraît en 1981. Suivront Clandestin (1982), Un tueur sur la route (1986) ou encore la trilogie Lloyd Hopkins (Lune sanglante (1984), A cause de la nuit (1984), La Colline aux suicidés (1986), qui précède son premier Quatuor de Los Angeles.
J'ai toujours été obsédé par le passé : l’Histoire, l'Histoire, l'Histoire.. et le crime, le crime, le crime...
(James Ellroy)
Extraits sonores :
- Sonate La Tempête pour piano n°17 en ré mineur op 31 n°2 de Ludwig van Beethovenpar Igor Levit
- Symphonie n° 7 Leningrad de Dmitri Chostakovitch par Andris Nelson
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