Le Greco, c'est pas trop tôt!

La Pentecôte - El Greco
La Pentecôte - El Greco ©Getty -  Francis G. Mayer
La Pentecôte - El Greco ©Getty - Francis G. Mayer
La Pentecôte - El Greco ©Getty - Francis G. Mayer
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Le Greco s'expose pour la première fois en France au Grand Palais du 16 octobre au 20 février 2020. Charlotte Chastel-Rousseau et Jean-Louis Schefer, romancier, critique d’art, et auteur du "Sommeil de Greco" (P.O.L, 1999) évoquent la mythologie du peintre grec à jamais lié à la ville de Tolède.

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Il aura fallu attendre plus de quatre siècles après la mort du plus espagnol des peintres grecs pour avoir une rétrospective Greco à Paris. C'est le Grand Palais qui accueille l'événement. Né en Crète, mort à Tolède, dernier peintre de la Renaissance, premier du Siècle d'or espagnol, les adjectifs manquent pour définir ce peintre porteur de mythologies diverses. Charlotte Chastel Rousseau, conservatrice au musée du Louvre et co-commissaire de l’exposition, et Jean-Louis Schefer, auteur du Sommeil du Greco, évoquent l'itinéraire artistique et géographique d'un des peintres les plus mystérieux de l'histoire de l'art.

Les oeuvres du Greco sont des machines affectives extrêmement puissantes qui provoquent deux types de réactions : admiration ou rejet. Il y a une modernité, une actualité du Greco.                
(Jean-Louis Schefer)

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Sa radicalité lui vaut l’ignorance ou l’éloge mais, en tous cas, pousse à l’excès. La diversité de ses inspirations forme un style hybride irréductible à une seule et même tradition artistique. Cela lui vaut, dans ses audaces, les critiques de certaines personnes pieuses. La représentation est jugée imparfaite, biaisée, presque profane.

L‘essor de l’esthétique baroque discrédite pendant un temps celle du Gréco. Ainsi, son œuvre, après sa mort, va progressivement tomber dans l’oubli, jusqu’à être réhabilitée par les impressionnistes (comme l'avaient déjà fait, avant eux, les symbolistes) et les avant-gardes européennes à la fin du XIXe siècle. Depuis, Le Greco est une référence pour nombre d’artistes, en peinture comme au cinéma ou en littérature.

Ce qu'on a dit sur la déformation des figures du Greco est absolument faux. Elle ne sont pas déformées, elles sont configurés dans un espace. Ce sont des personnages qui n'existent pas et qui sont configurés dans un monde qui n'existe pas.                
(Jean-Louis Schefer)

L'œuvre du Gréco, passé avant Tolède par Venise, Rome et Madrid, constitue une synthèse incomparable entre l’art byzantin et le maniérisme, l’esthétique de la Renaissance et le Siècle d’or. Le Greco a travaillé à régénérer un formalisme étouffant arrivé au bout de ses possibilités et laisse derrière lui une oeuvre dont la modernité et la singularité sont mises en valeur dans la scénographie de l'exposition du Grand Palais pensée par Véronique Dolfus.

Il y a beaucoup de mythes : Le Greco fou, mystique, astigmate, hérétique, victime de l'inquisition, on peut les multiplier. Mais l'ambition de l'exposition était de rendre justice à l'immense talent du Greco en réunissant en France un corpus d'oeuvres de la main du maître. C'est peut-être la meilleure façon de combattre ces fantasmes, même si ils sont intéressants.                
(Charlotte Chastel-Rousseau)

La Grande table idées
33 min

Extraits sonores:

  • Fernando Arrabal, écrivain, poète et dramaturge espagnol, évoque sa passion pour le Greco (France Culture, For intérieur, 2006)
  • Francisco Calvo Serraller à propos de la fascination qu’exerce Le Greco sur Picasso et la manière dont il a influencé son tableau _Les demoiselles d’Avignon (_Grandes traversées, 2012)
  • Bernard Plossu, photographe, évoque le choc de la découverte du Gréco dans un musée (A voix nue, 1989)

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