

Marie Darrieussecq remet les choses à l'endroit au sujet des migrants avec "La Mer à l'envers" (2019, P.O.L). Dans ce parcours initiatique d'une femme de la classe moyenne, Rose, déjà présente dans "Clèves" (2011, P.O.L), l'auteure pose la question de la possibilité même d'habiter le monde.
- Marie Darrieussecq Ecrivaine
La fuite du Nigéria, la Libye, la mer puis Calais et, enfin, l'espoir de gagner Londres... Le personnage de Marie Darrieussecq, Younès, sans être un archétype, a tout connu des souffrances qu'entraîne la crise migratoire. La mer à l'envers (P.O.L, 2019) débute par la rencontre entre une croisière bourgeoise et une embarcation de migrants qui y trouve refuge. La littérature a ensuite pour mission de combler ce fossé entre ces deux conditions si éloignées par le développement de la relation qui unit Rose et Younès.
Je n’avais pas le choix, c’est une sujet qui est là, qui insiste. Tout le monde écrit sur les migrants, et c’est normal, parce qu’on ne sait pas les nommer. Les mots ripent sur le réel et c’est là que la littérature intervient. Il y avait des problèmes éthiques et esthétiques. Je n’arrivais pas à incarner ce migrant. Le monde ne veut pas qu’on l’incarne. La littérature n’est qu’un symptôme du monde.
(Marie Darrieussecq)Publicité
Les bons sentiments donnent souvent des mauvais livres. Tout ce que je peux faire, c’est essayer de proposer un personnage : Rose ; Rose, c’est moi si je n’avais pas écrit. Elle a une maladresse, une grande force, et elle ne sait pas, elle n’a pas la tête politique.
(Marie Darrieussecq)
Marie Darrieussecq dit avoir eu plus de difficultés qu'à son habitude à rédiger ce texte au sens où l'on peine à mettre des mots sur la situation des réfugiés. Les statistique prennent chair dans la réalité d'un roman qui se refuse à donner des réponses ou des leçons mais qui travaille à poser des questions, à ouvrir des pistes de réflexion sur notre propre comportement et notre rapport complexe à l'hospitalité.
Calais, c’est un délire collectif. Ces gendarmes qui n’en peuvent plus. Ces migrants qui n’en peuvent plus. Ces adultes qui jouent au chat et à la souris en sachant que cela ne rime à rien, il y a une forme de puérilité.
(Marie Darrieussecq)
Depuis le début, je suis dépassé par les événements. Ils vont plus vite que moi. Avec l’écriture, j’essaie juste d’éclairer le chemin. Je suis juste désemparée, je ne veux surtout pas donner de leçons. Tout ce que je peux faire, c’est écrire.
(Marie Darrieussecq)
Revendiquée féministe, traductrice de Virginia Woolf, l'auteure de Truisme (P.O.L, 1996) aime mettre en scène les personnages féminins et, souvent, leur rendre justice. Le personnage de Rose est un personnage qui, alors même qu'elle pourrait avoir les caractéristiques de l'anti-héroïne, va s'avérer, le temps d'un instant, héroïque.
Je crois qu’en 2019, c’est une immense chance, en France, d’être une femme écrivaine. Etant une femme, je sais à quel point ça a été compliqué de trouver ma place face au patriarcat. Ça donne une grande richesse d’écriture de connaître la domination.
(Marie Darrieussecq)
Extraits sonores:
- "Clandestino", reprise par Manuo Chao vingt ans après sa première version. En duo avec Calypso Rose.
- Interview de James Baldwin de novembre 1972 sur l'impossibilité pour un "noir" d'être édité par un "blanc".
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